Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
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Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Quand le saxophoniste Albert Ayler débarque en studio en août 1969 armé d’une cornemuse, pour l’enregistrement de l’album « Music Is the Healing Force of the Universe », il y a matière à se poser des questions sur ce choix quelque peu incongru et parfaitement inouï dans le jazz.
Est-il atteint de poly-instrumentite aiguë ? D’avant-gardisme forcené ? Quoi qu’il en soit, personne ne se doute de l’allusion directe faite à la franc-maçonnerie du Rite écossais Ancien et Accepté (REAA), que le saxophoniste évoque avec cet instrument rappelant symboliquement l’Écosse. Le titre du morceau, « Masonic Inborn », que l’on pourrait traduire par « »intrinsèquement maçonnique », offre cependant un indice précieux.
Seule référence explicite à la franc-maçonnerie dans l’histoire du jazz, elle dévoile cependant une réalité encore largement méconnue aujourd’hui. On aurait beau être initié au jazz, on ignorerait encore qu’une grande partie de ses créateurs ont été membres de la maçonnerie noire américaine, dite de « Prince-Hall ».
C’est ce que le journaliste et musicien Yves Rodde-Migdal nous propose de découvrir dans cet ouvrage synthétique, qui aborde les particularités de cette franc-maçonnerie, construite dans une société américaine marquée par des siècles de violence, d’esclavage et de ségrégation. Fondée par un esclave affranchi, lui-même initié dans une loge militaire de Boston en 1775, elle est marquée du sceau de la discrimination, puisque divisée d’un point de vue racial, avec d’un côté des loges blanches et d’un autre des loges noires, qui resteront longtemps clandestines. Prince Hall fut, à ce titre, un des premiers penseurs du mouvement du retour vers l’Afrique, racine d’une nouvelle conscience noire et de l’émergence d’une identité afro-américaine à inventer.
Pendant tout le XVIIIe siècle et jusqu’à la fin du XIXe, la franc-maçonnerie Prince Hall va jouer un rôle fondamental d’émancipation du peuple noir, sans toutefois suppléer le travail des partis politiques. Au travers de diverses associations, telle la NAACP (National Association for Advancement of Colored People, fondée en 1909), de nombreux problèmes liés au racisme au sein de la société états-unienne ont été pris en charge.
Ces regroupements à caractère philanthropique ou philosophique ont eu une influence décisive dans l’accès à l’éducation, la santé, la culture, dont l’apprentissage de la musique auprès de la population afro-américaine.
La liste de ses musiciens bienfaiteurs et à la dimension spirituelle est longue : Duke Ellington, Louis Armstrong, Joséphine Baker, Cab Calloway, Count Basie, Nat King Cole, Johnny Hodges, Oscar Peterson, etc. La franc-maçonnerie intéressera les jazzmen au point de comptabiliser, jusqu’à la fin des années cinquante, ceux des musiciens qui n’en faisaient pas partie.
https://www.lejazzophone.com/jazz-et-litterature-jazz-franc-maconnerie-une-histoire-occultee-de-yves-rodde-migdal/
Est-il atteint de poly-instrumentite aiguë ? D’avant-gardisme forcené ? Quoi qu’il en soit, personne ne se doute de l’allusion directe faite à la franc-maçonnerie du Rite écossais Ancien et Accepté (REAA), que le saxophoniste évoque avec cet instrument rappelant symboliquement l’Écosse. Le titre du morceau, « Masonic Inborn », que l’on pourrait traduire par « »intrinsèquement maçonnique », offre cependant un indice précieux.
Seule référence explicite à la franc-maçonnerie dans l’histoire du jazz, elle dévoile cependant une réalité encore largement méconnue aujourd’hui. On aurait beau être initié au jazz, on ignorerait encore qu’une grande partie de ses créateurs ont été membres de la maçonnerie noire américaine, dite de « Prince-Hall ».
C’est ce que le journaliste et musicien Yves Rodde-Migdal nous propose de découvrir dans cet ouvrage synthétique, qui aborde les particularités de cette franc-maçonnerie, construite dans une société américaine marquée par des siècles de violence, d’esclavage et de ségrégation. Fondée par un esclave affranchi, lui-même initié dans une loge militaire de Boston en 1775, elle est marquée du sceau de la discrimination, puisque divisée d’un point de vue racial, avec d’un côté des loges blanches et d’un autre des loges noires, qui resteront longtemps clandestines. Prince Hall fut, à ce titre, un des premiers penseurs du mouvement du retour vers l’Afrique, racine d’une nouvelle conscience noire et de l’émergence d’une identité afro-américaine à inventer.
Pendant tout le XVIIIe siècle et jusqu’à la fin du XIXe, la franc-maçonnerie Prince Hall va jouer un rôle fondamental d’émancipation du peuple noir, sans toutefois suppléer le travail des partis politiques. Au travers de diverses associations, telle la NAACP (National Association for Advancement of Colored People, fondée en 1909), de nombreux problèmes liés au racisme au sein de la société états-unienne ont été pris en charge.
Ces regroupements à caractère philanthropique ou philosophique ont eu une influence décisive dans l’accès à l’éducation, la santé, la culture, dont l’apprentissage de la musique auprès de la population afro-américaine.
La liste de ses musiciens bienfaiteurs et à la dimension spirituelle est longue : Duke Ellington, Louis Armstrong, Joséphine Baker, Cab Calloway, Count Basie, Nat King Cole, Johnny Hodges, Oscar Peterson, etc. La franc-maçonnerie intéressera les jazzmen au point de comptabiliser, jusqu’à la fin des années cinquante, ceux des musiciens qui n’en faisaient pas partie.
https://www.lejazzophone.com/jazz-et-litterature-jazz-franc-maconnerie-une-histoire-occultee-de-yves-rodde-migdal/
Prince de Talmont- Vénérable
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Messages : 2431
Points : 5700
Date d'inscription : 17/02/2019
Re: Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Même dans la musique classique la franc-maçonnerie s'est infiltrée, comme partout...Mozart était franc-maçon, dans la structuration de sa musique cela se ressent, disent les spécialistes. Et pourtant son don musical n'était-il pas un don de Dieu ?
Dieu a voulu la diversité, peut-être pour mieux pouvoir rejoindre tous les cœurs si compliqués des hommes…
Bach aussi faisait des choses interdites à son époque : la fameuse quinte diminuée, au Moyen-Age on appelait ça "diabolicus musica"
Il a fait de la prison, parce qu'il avait écrit "Toccata et fugue", oeuvre considérée quasiment comme diabolique.
Malgré cela, quand on lui disait que sa musique était trop subversive, il se mettait en colère et sortait son épée ! Nous pouvons espérer qu'il ait été embauché au Ciel parmi le chœur des anges pour rendre gloire à Dieu !
Dieu a voulu la diversité, peut-être pour mieux pouvoir rejoindre tous les cœurs si compliqués des hommes…
Bach aussi faisait des choses interdites à son époque : la fameuse quinte diminuée, au Moyen-Age on appelait ça "diabolicus musica"
Il a fait de la prison, parce qu'il avait écrit "Toccata et fugue", oeuvre considérée quasiment comme diabolique.
Malgré cela, quand on lui disait que sa musique était trop subversive, il se mettait en colère et sortait son épée ! Nous pouvons espérer qu'il ait été embauché au Ciel parmi le chœur des anges pour rendre gloire à Dieu !
Ophélia- Messages : 4
Points : 1680
Date d'inscription : 27/08/2019
Re: Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Il y a une différence de nature et de progression entre la musique de Bach dont les dissonances ne sont qu'une dose homéopathique quasi imperceptible dans l'océan de sa musique encore largement aristocratique noble et le jazz. Mozart est un petit pas plus loin légèrement plus perceptible mais qui ne renverse pas l'esthétique musicale dans son ensemble.
Le jazz est une rupture bien plus forte mais qui selon le procédé habituel se fait tout doucement. Il est la pente douce qui amènera le rock et le rap petit à petit. L'art contemporain provoquant et hideux a été introduit par étapes progressives. Depuis l'impressionnisme en passant par le cubisme puis l'art abstrait. Rien de tout cela n'est dû au hasard.
On habitue l'être humain progressivement, mais qui est à l'origine de ces changements qui obtiennent une acceptation au cours des générations que les premières n'auraient jamais acceptées ?
Le jazz est une rupture bien plus forte mais qui selon le procédé habituel se fait tout doucement. Il est la pente douce qui amènera le rock et le rap petit à petit. L'art contemporain provoquant et hideux a été introduit par étapes progressives. Depuis l'impressionnisme en passant par le cubisme puis l'art abstrait. Rien de tout cela n'est dû au hasard.
On habitue l'être humain progressivement, mais qui est à l'origine de ces changements qui obtiennent une acceptation au cours des générations que les premières n'auraient jamais acceptées ?
Prince de Talmont- Vénérable
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Messages : 2431
Points : 5700
Date d'inscription : 17/02/2019
Re: Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Merci @Prince de Talmont La plupart des musiques sont nées dans un contexte religieux, de quête spirituelle, alors… que le diable cherche à s'en mêler, quoi de plus normal en un sens ! Des groupes chrétiens pourtant n'ont pas craint de reprendre les rythmiques modernes les plus "hard" (jazz, rock, punk, rapp, voire gothique, skinhead, metal…) comme "Les Guetteurs", pour le reggae, Glorious (le pop rock ) etc. Pierre Eliane, ancien rocker converti et devenu carmélite, était venu en parler sur KTO. Lui-même venu du rock s'en est servi pour mettre en musique les mystiques du Carmel !
Ophélia- Messages : 4
Points : 1680
Date d'inscription : 27/08/2019
Re: Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Vous pensez qu'on peut donc dissocier le fond et la forme ? Si un chrétien se sert d'un instrument diabolique, celui-ci cesse d'être diabolique selon vous ?
Je caricature, mais pensez-vous qu'on pourrait faire des films X chrétiens ?
Je caricature, mais pensez-vous qu'on pourrait faire des films X chrétiens ?
Prince de Talmont- Vénérable
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Messages : 2431
Points : 5700
Date d'inscription : 17/02/2019
Re: Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée
Justement si l'aspiration première de ces chants et rythmes (origine dans les Negro spirituals, le Gospel, raconte le spécialiste au début de l'émission) est d'exprimer un cri de souffrance et d'espérance, un acte de foi en Dieu le Sauveur, elles peuvent devenir des moyens de louer Dieu, comme le fait Glorious à travers la pop rock. Mais le chrétien n'est pas le seul concerné, si la musique est le langage de l'âme. Or l'âme appartient à Dieu !
Ophélia- Messages : 4
Points : 1680
Date d'inscription : 27/08/2019
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