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La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou

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La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou - Page 3 Empty Re: La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou

Message par ami de la Miséricorde Dim 28 Juin 2020 - 23:08

CHAPITRE III

Article V

- DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

La vie cachée de Nazareth

Quand on réfléchit à la vie cachée de Nazareth, et, dans ce silence, au progrès spirituel de Marie, puis, par oppo­sition, à ce que le monde moderne a souvent appelé le progrès, on en vient à cette conclusion : on n'a jamais tant parlé de progrès que depuis qu'on a négligé celui qui est de tous le plus important, 1e progrès spirituel. Qu'est-il alors arrivé ? Ce qu'a souvent remarqué Le Play, que le progrès inférieur recherché pour lui-même s'est accompagné, en facilitant le plaisir, l'oisiveté et le chô­mage, d'un immense recul moral vers le matérialisme, l'athéisme et la barbarie, comme le montrent manifeste­ment les dernières guerres mondiales.

En Marie, au contraire, nous trouvons la réalisation toujours plus parfaite de la parole évangélique : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc, X, 27).
Plus elle avance, plus elle doit aimer Dieu de toutes ses forces, en voyant, pendant le ministère de Jésus, la contradiction s'élever contre lui, jusqu'à la consomma­tion du mystère de la Rédemption.


La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes


Quelle fut la cause profonde des douleurs de Marie au Calvaire ? Toute âme chrétienne, habituée à faire son chemin de croix, répondra : la cause profonde de ses souffrances comme de celles de Jésus fut le péché. Bien­heureux les cœurs simples pour qui cette formule exprime une vérité de vie, et qui éprouvent une vraie douleur de leurs fautes, bonne souffrance que seule la grâce peut produire en nous.

Nous comprenons peu les souffrances de Marie, parce que nous ne souffrons guère que de ce qu'éprouve notre corps et des blessures faites à notre amour-propre, à notre vanité, à notre orgueil. Nous souffrons aussi et tout natu­rellement de l'ingratitude des hommes, des injustices qui affligent notre famille et notre patrie. Mais nous souf­frons trop peu du péché, de nos propres fautes, en tant qu'elles sont une offense à Dieu.

Théoriquement, nous concevons que le péché est le plus grand des maux, puisqu'il atteint l'âme même et toutes ses facultés, comme une folie, un aveuglement, une lâcheté, une ingratitude, qui nous prive de nos meil­leures énergies et puisqu'il est la cause de tous les désor­dres que nous déplorons dans les familles et la société ; il est la cause évidente de la lutte parfois si âpre entre les classes et entre les peuples. Mais, malgré cette vue, nous n'éprouvons pas une bien grande douleur des fautes personnelles par lesquelles nous coopérons plus ou moins au désordre général. Notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de prendre vivement conscience de ce final qu'est le péché, sa profondeur nous échappe, préci­sément parce qu'elle est très grave elle passe inaperçue pour les esprits superficiels. Le péché qui ravage les âmes et la société ressemble à ces maladies qui atteignent les organes les plus essentiels et que nous portons par­fois en nous sans les soupçonner, comme le cancer ; nous n'en souffrons pas encore, tandis que nous crions pour une piqûre sans gravité.

Pour ressentir très vivement la bonne souffrance, qu'est celle de la détestation du péché, il faudrait avoir un amour très profond de Dieu que le péché offense et des âmes que le péché détourne de leur fin.

Les saints souffrent du péché dans la mesure de leur amour de Dieu et du prochain. Sainte Catherine de Sienne reconnaissait les âmes en état de péché mortel à l'odeur insupportable qu'elle sentait en leur présence. Mais pour comprendre jusqu'où peut aller la souffrance causée par le péché, il faudrait demander ce secret au cœur imma­culé et douloureux de Marie.

La mesure de sa douleur fut celle de son amour pour Dieu offensé, pour son Fils crucifié, pour nos âmes â sau­ver.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 29 Juin 2020 - 21:29

CHAPITRE III

Article V
DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes


Or cet amour de Marie dépassait la plus ardente cha­rité des grands saints, de saint Pierre, saint Paul, saint Jean. En elle, la plénitude initiale de charité dépassait déjà la grâce finale de tous les saints réunis, et depuis lors elle n'avait cessé de grandir, jamais la moindre faute vénielle n'avait ralenti l'élan de son amour, et chacun de ses actes méritoires, plus fervent que le précédent, avait multiplié l'intensité de sa charité selon une pro­gression que nous ne saurions imaginer.

Si telle était la ferveur de l'amour de Dieu dans l'âme de Marie, combien dut-elle souffrir du plus grave de tous les maux, dont notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de nous affliger. Elle voyait incomparable­ment mieux que nous ce qui cause la perte éternelle de beaucoup d'âmes : la concupiscence de la chair, celle des yeux, l'orgueil de la vie. Elle en souffrait dans la mesure de son amour pour Dieu et pour nous. C'est la grande lumière qui se trouve ici dans ce clair-obscur.

La cause de ses douleurs, ce fut l'ensemble de tous les péchés réunis, de toutes les révoltes, de toutes les colères sacrilèges portées en un instant à leur paroxysme dans le péché du déicide, dans la haine acharnée contre Notre-­Seigneur, qui est la lumière divine libératrice et l'Auteur du salut.

La douleur de Marie est aussi profonde que son amour naturel et surnaturel pour son Fils, qu'elle aime avec un cœur de Vierge, le plus pur et le plus tendre, qu'elle aime comme son unique enfant miraculeusement conçu et comme son Dieu.

Pour se faire une idée vive des souffrances de Marie, il faudrait avoir reçu, comme les stigmatisés, l'impres­sion des plaies du Sauveur; il faudrait avoir participé à toutes ses souffrances physiques et morales, par les grâ­ces crucifiantes qui font faire le chemin de la croix en revivant les heures les plus douloureuses de la Passion. Nous y reviendrons plus loin, en parlant de Marie médiatrice et corédemptrice, ou de la réparation qu'elle a offerte avec son Fils par lui et en lui.

Notons seulement ici que ces très grands actes d'amour méritoires pour nous, l'étaient aussi pour elle, et augmen­tèrent considérablement sa charité et toutes les autres vertus de foi, de confiance, de religion, d'humilité, de force et de mansuétude ; car elle pratiqua alors toutes ces vertus au degré le plus difficile, le plus héroïque ; elle devint par là même la Reine des martyrs.

Sur le Calvaire du Cœur de Jésus la grâce et la charité surabondent sur le cœur de sa sainte Mère ; c'est lui qui la fortifie, comme elle-même soutient spirituellement saint Jean. Jésus offre son martyre à elle avec le sien, et elle s'offre avec son Fils qui lui est beaucoup plus cher que sa propre vie. Si le moindre des actes méritoires de Marie pendant la vie cachée de Nazareth augmentait l'intensité de sa charité, quel dut être l'effet de ses actes d'amour au pied de la croix !

La Pentecôte

La résurrection glorieuse du Sauveur, ses diverses apparitions marquent certainement de nouveaux progrès en l'âme de sa sainte Mère, qui y voit la réalisation de plusieurs prophéties de Jésus lui-même et sa victoire sur la mort, signe de celle qu'il remporta le Vendredi saint sur le démon et sur le péché.

Le mystère de l'Ascension élève de plus en plus les pensées de Marie vers le ciel. Au soir de ce jour, retirée avec les Apôtres au Cénacle (Act. Ap., I, 14), elle dut sen­tir comme eux que la terre était singulièrement vide de­puis le départ de Notre-Seigneur, et entrevoir toute la dif­ficulté de l'évangélisation du monde païen à convertir au milieu des persécutions prédites. Devant cette perspective, la présence de la Sainte Vierge dut être un grand ré­confort pour les Apôtres. En union avec Notre-Seigneur, elle leur mérita d'un mérite de convenance les grâces qu'ils allaient recevoir, en ce Cénacle où Jésus avait ins­titué l'Eucharistie, ou il les avait ordonnés prêtres, et où il était apparu après sa résurrection.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 30 Juin 2020 - 23:23

CHAPITRE III
Article V
DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

La Pentecôte

Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit en descendant sur elle et sur les Apôtres, sous la forme de langues de feu, vint les éclairer définitivement sur les mystères du salut et les fortifier pour l'œuvre immense et si ardue à accomplir (Act. Ap., II).

Si les Apôtres en ce jour sont confirmés en grâce, si saint Pierre manifeste alors par sa prédication qu'il a reçu la plénitude de la contemplation du mystère du Fils de Dieu, du Sauveur et de l'auteur de la vie ressuscité, si les Apôtres, loin de rester craintifs, s'en vont maintenant « joyeux d'avoir à souffrir pour Jésus-Christ », quelle ne doit pas être la nouvelle augmen­tation de grâce et de charité que reçoit Marie en ce jour, elle qui doit être ici-bas comme le cœur de l'Eglise nais­sante !

Personne autant qu'elle ne participera à l'amour pro­fond de Jésus pour son Père et pour les âmes ; elle doit aussi par sa prière, sa contemplation, sa générosité inces­sante, porter en quelque sorte l'âme des Douze, les sui­vre ainsi comme une Mère dans leurs travaux et toutes les difficultés de leur apostolat, qui s'achèvera par le mar­tyre. Ils sont ses fils. Elle sera appelée par l'Eglise Regina apostolorum, et elle a commencé dès ici-bas de veiller sur eux par sa prière et de féconder leur apostolat par l'obla­tion continue d'elle-même, unie au sacrifice de son Fils perpétué sur l'autel.

Marie modèle de dévotion eucharistique

Il convient particulièrement d'insister sur ce que dut être pour la Mère de Dieu le sacrifice de la messe et la sainte communion qu'elle recevait des mains de saint Jean.
Pourquoi au Calvaire fut-elle confiée par Notre-Seigneur à saint Jean plutôt qu'aux saintes femmes qui étaient au pied de la croix ? Parce que Jean était prêtre et qu'il avait un trésor qu'il pouvait communiquer à Marie, le trésor de l'Eucharistie.

Pourquoi parmi tous les Apôtres, saint Jean est-il choisi plutôt que Pierre ? Parce que Jean est le seul des Apôtres qui soit au pied de la croix, où il a été attiré par une grâce très forte et très douce, et parce qu'il est, dit saint Augustin, le modèle de la vie contemplative, de la vie intime et cachée, qui a toujours été celle de Marie et qui sera la sienne jusqu'à sa mort.

La vie de Marie n'aura pas le même caractère que celle du prince des Apôtres, saint Pierre, elle n'interviendra point dans le gouverne­ment des fidèles. Sa mission sera de contempler et d'ai­mer Notre-Seigneur resté présent dans l'Eucharistie, d'obtenir par ses incessantes supplications la diffusion de la foi et le salut des âmes. Elle sera ainsi vraiment sur terre comme le cœur de l'Eglise naissante, car personne n'entrera comme elle dans l'intimité et la force de l'a­mour du Christ.

Suivons-la dans cette vie cachée, à l'heure surtout où saint Jean célébrait devant elle le sacrifice de la messe. Marie n'a pas le caractère sacerdotal, elle ne peut en exer­cer les fonctions, mais elle a reçu, comme le dit M. Olier, « la plénitude de l'esprit du sacerdoce » qui est l'esprit du Christ rédempteur, aussi pénétrait-elle bien plus pro­fondément que saint Jean le mystère de nos autels. Son titre de Mère de Dieu dépasse du reste le sacerdoce, des ministres du Sauveur, elle nous a donné le prêtre et la victime du sacrifice de la Croix et elle s'est offerte avec lui. La sainte messe était pour elle à un degré que nous ne soupçonnons pas le mémorial et en substance la continua­tion du sacrifice de la Croix. C'est que sur le Calvaire, Marie avait eu le cœur transpercé par le glaive de la dou­leur ; la force et la tendresse de son amour pour son Fils lui avaient fait subir un véritable martyre. La souffrance avait été si profonde que le souvenir ne pourrait rien per­dre de sa vivacité, et il était rappelé par une lumière infuse.

Or, sur l'autel, lorsque saint Jean célèbre, Marie re­trouve la même victime que sur la croix. C'est le même Jésus, qui est là réellement présent ; ce n'est pas seule­ment une image, c'est la réalité substantielle du corps du Sauveur, avec son âme et sa divinité. Il n'y a plus, il est vrai, d'immolation sanglante, mais il y a l'immolation sacramentelle, réalisée par la consécration séparée du corps et du précieux sang ; le sang de Jésus est sacramen­tellement répandu sur l'autel. Et cette figure de la mort du Christ est des plus expressives pour celle qui ne peut oublier, qui a toujours au fond de son âme l'image de son très cher Fils maltraité, couvert de plaies, pour celle qui entend encore les injures et les blasphèmes.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 1 Juil 2020 - 22:40

CHAPITRE III
Article V
DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

Marie modèle de dévotion eucharistique


Cette messe célébrée par saint Jean, à laquelle assiste Marie est la reproduction la plus frappante du sacrifice de la croix perpétué en substance sur l'autel.

Marie voyait aussi dans le sacrifice de la messe le point de conjonction du culte de la terre et de celui du ciel

C'est en effet la même victime qui est offerte à la messe et qui, au ciel, présente pour nous ses plaies glorieuses au Père céleste. Le corps du Christ ne cesse pas d'être au ciel, il ne descend pas du ciel à proprement parler, mais, sans être multiplié, il est rendu réellement présent sur l'autel par la transsubstantiation de la substance du pain en lui.

C'est aussi au ciel et sur la terre, le même prêtre prin­cipal « toujours vivant pour intercéder pour nous » (Hébr., VII, 25) ; le célébrant n'est en effet que le ministre qui parle au nom de Jésus en disant : ceci est mon corps; c'est Jésus qui parle par lui.

C'est Jésus, comme Dieu, qui donne à ces paroles la puissance transsubstantiatrice. C'est Jésus, comme homme, par un acte de sa sainte âme qui transmet cette influence divine, et qui continue de s'offrir ainsi pour nous, comme prêtre principal. Si le ministre est quelque peu distrait par quelque détail du culte qui peut man­quer, le prêtre principal n'est pas distrait, et Jésus, comme homme, en continuant de s'offrir ainsi sacramen­tellement pour nous, voit ce qui nous échappe, tout le rayonnement spirituel de chaque messe sur les fidèles présents ou éloignés et sur les âmes du purgatoire.

Il agit actuellement par son ministre, c'est lui qui con­tinue de s'offrir par ces paroles sacramentelles ; l'âme du sacrifice de nos autels est l'oblation intérieure qui est tou­jours vivante au cœur du Christ, par elle il continue de nous appliquer les mérites et la satisfaction du Calvaire au moment opportun. Les saints, en assistant à la messe, ont parfois vu, au moment de là consécration, à la place du célébrant, Jésus qui offrait le saint Sacrifice.

Marie l'a saisi plus que tous les saints; plus qu'eux tous elle a compris que l'âme du sacrifice de la messe est l'oblation toujours vivante au cœur de son Fils. Elle entrevoyait que lorsqu'à la fin du monde la dernière messe sera ache­vée, cette oblation intérieure durera éternellement au coeur du Sauveur, non plus comme supplication, mais comme adoration et action de grâces, ce sera le culte de l'éternité exprimé déjà à la messe par le Sanctus en l'hon­neur du Dieu trois fois saint.

Comment Marie s'unissait-elle à cette oblation de Jésus prêtre principal ? Elle s'y unissait, nous le dirons plus loin, comme médiatrice universelle et corédemptrice. Elle continuait de s'y unir comme à la croix, en esprit d'a­doration réparatrice, de supplication et d'action de grâces. Modèle des âmes hosties, elle continuait d'offrir les peines très vives qu'elle éprouvait devant la néga­tion de la divinité de Jésus, pour la réfutation de la­quelle saint Jean écrivait le quatrième évangile.

Elle ren­dait grâces pour l'institution de l'Eucharistie, pour tous les bienfaits dont elle est la source. Elle suppliait pour obtenir la conversion des pécheurs, pour le progrès des bons, pour soutenir les Apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances jusqu'au martyre.

En tout cela Marie est notre modèle, pour nous appren­dre à devenir « des adorateurs en esprit et en vérité ».

Que dire enfin de la communion de la Sainte Vierge ? La condition principale d'une fervente communion est d'avoir faim de l'Eucharistie; de même le pain ordinaire ne renouvelle vraiment nos forces physiques que si nous le mangeons avec appétit.

Les saints ont faim de l'Eucha­ristie; on refuse à sainte Catherine de Sienne la sainte communion, mais son désir est si fort qu'une parcelle de la grande hostie se détache et à l'insu du célébrant est portée miraculeusement à la sainte. Or la faim de l'Eucharistie était incomparablement plus grande, plus intense en Marie que dans les âmes les plus saintes. Pen­sons à la force de l'attrait qui porte vers Jésus l'âme de sa sainte Mère.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 2 Juil 2020 - 22:45

CHAPITRE III

Article V
DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION


Toute âme est attirée vers Dieu, puisqu'il est le souve­rain Bien pour lequel nous sommes faits. Mais les suites du péché originel, le péché actuel et mille imperfections diminuent l'admirable convenance entre Dieu et les âmes, affaiblissent en nous le désir de l'union divine.

L'âme de Marie n'a subi l'atteinte ni du péché originel, ni du péché actuel; aucune infidélité, aucune imperfection ne vient diminuer l'ardeur de sa charité qui l'emporte sur celle de tous les saints réunis. S'oubliant elle-même, Marie s'é­lance vers Dieu d'un élan irrésistible, qui grandit chaque jour avec ses mérites.

C'est le Saint-Esprit, agissant en elle, qui la porte infailliblement à se donner librement à Dieu et à le recevoir; cet amour, comme la soif ardente, s'accompagne d'une souffrance qui ne cessera que par la mort d'amour et l'union de l'éternité. Telle était la faim de l'Eucharistie en la Sainte Vierge.

Jésus de son côté avait le plus grand désir de la sancti­fication définitive de Marie. Il ne demande qu'à commu­niquer les trésors de grâces dont son cœur déborde. S'il pouvait souffrir dans sa gloire, il souffrirait de trouver tant d'obstacles en nous à cette divine communication. Or, en Marie, il n'y avait aucun obstacle.

Cette commu­nion était comme la fusion aussi intime que possible ici­-bas de leurs deux vies spirituelles, comme le reflet de la communion de la sainte âme du Christ au Verbe auquel elle est personnellement unie, ou encore, c'était comme l'image de la communion des trois personnes divines à la même vérité infinie et à la même bonté sans limites.

Marie an moment de la communion redevenait le taber­nacle vivant et très pur de Notre-Seigneur, tabernacle doué de connaissance et d'amour, mille fois plus précieux qu'un ciboire d'or; elle était vraiment tour d'ivoire, arche d'alliance, maison d'or.

Quels étaient les effets de la communion de Marie ? Ils dépassaient de beaucoup ce que sainte Thérèse dit de l'u­nion transformante dans la VII° demeure du Château intérieur.

On a comparé cette union qui transforme en quelque sorte l'âme en Dieu par la connaissance et l'a­mour, à l'union du fer et du feu, ou à celle de l'air et de la lumière qui le pénètre. Ici en Marie les rayons de lu­mière et de chaleur surnaturelles partis de l'âme de Jésus éclairaient de plus en plus son intelligence et enflammaient sa volonté.

Ces biens spirituels, cette sagesse et cette bonté, l'humble vierge ne les pouvait en aucune façon rapporter à elle-même, elle en faisait hommage à celui qui est son principe et sa fin : « Qui manducat me, ipse vivet propter me » (Joan., VI, 58); celui qui mange ma chair, vit par moi et pour moi, comme je vis par mon Père et pour lui.

Chacune des communions de Marie était plus fervente que la précédente, et, produisant en elle une plus grande augmentation de charité, la disposait à une communion plus fructueuse encore.

Si la pierre tombe d'autant plus vite qu'elle se rapproche de la terre qui l'attire, l'âme de Marie se portait d'autant plus généreusement et promp­tement vers Dieu, qu'elle. se rapprochait de lui et qu'elle était plus attirée par lui.

Elle était comme un miroir très pur, qui réfléchissait vers Jésus la lumière et la chaleur qu'elle recevait de lui, qui condensait aussi cette lumière et cette chaleur pour la répandre sur nos âmes.

En cela elle était le plus parfait modèle de dévotion eucharistique. C'est pourquoi elle peut nous apprendre sans bruit de paroles, si nous nous adressons à elle, ce qu'est l'esprit d'adoration réparatrice ou de sacrifice dans l'acceptation généreuse des peines qui se présentent, ce que doit être notre désir de l'Eucharistie, la ferveur de notre supplication pour les grandes intentions de l'E­glise, et ce que doit être aussi notre action de grâces pour tant de bienfaits.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 4 Juil 2020 - 0:15

CHAPITRE III

Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE


Pour mieux voir ce qu'a été la plénitude de grâce en la Sainte Vierge, surtout vers la fin de sa vie, il convient de considérer quelle fut la perfection de son intelligence, spécialement ce que fut sa foi éclairée par les dons de sa­gesse, d'intelligence, de science, quelle fut aussi l'élévation de ses principales vertus, qui, étant connexes avec la cha­rité, se trouvaient en elle comme celle-ci à un degré pro­portionné à celui de la grâce sanctifiante. Pour compléter cette synthèse, nous parlerons brièvement aussi des grâ­ces gratuites d'ordre intellectuel qu'elle reçut, notamment de la prophétie et du discernement des esprits.

La foi éclairée par les dons en Marie

Si l'on pense à la perfection naturelle de l'âme de la Sainte Vierge, la plus parfaite de toutes après celle du Sauveur, il faut admettre que son intelligence naturelle était déjà douée d'une grande pénétration, d'une non moins grande rectitude, et que ces qualités naturelles ne cessèrent de se développer au cours de sa vie.

Sa foi infuse était à plus forte raison très profonde du côté de l'objet par la révélation qui lui fut faite immédia­tement, au jour de l'Annonciation, des mystères de l'In­carnation et de la Rédemption, par sa sainte familiarité de tous les jours avec le Verbe fait chair.

Subjectivement sa foi était en, outre très ferme, très certaine et très prompte dans son adhésion, car ces qualités de la foi infuse sont d'autant plus grandes que celle-ci est plus élevée. Or Marie reçut la foi infuse la plus haute qui ait jamais existé, il faut en dire autant de son espérance, car Jésus, qui eut la vision béatifique dès le premier instant de sa conception, n'avait pas la foi ni l'espérance, mais la pleine lumière et la possession des biens éternels qui nous sont promis.

Nous ne saurions donc nous faire une idée de l'élévation de la foi de Marie. A l'Annonciation, dès que la vérité di­vine sur le mystère de l'Incarnation rédemptrice lui a été suffisamment proposée, elle y a cru. Aussi sainte Élisa­beth lui dit-elle peu après (Luc, I, 45) : « Heureuse celle qui a cru, car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur. »

A Noël, elle voit son Fils naitre dans l'étable, et elle croit qu'il est le créateur de l'univers ; elle voit toute la fragilité de son corps d'en­fant, et elle croit à sa toute-puissance ; lorsqu'il com­mence à balbutier, elle croit qu'il est la sagesse même ; lorsqu'elle doit fuir avec lui devant la colère du roi Hérode, elle croit pourtant qu'il est le roi des rois, le sei­gneur des seigneurs, comme le dira saint Jean.

Au jour de la Circoncision et à la présentation au temple, sa foi s'ouvre de plus en plus sur le mystère de la Rédemption. Marie vit ici-bas dans un clair-obscur perpétuel, distin­guant nettement les ténèbres d'en bas, qui proviennent de l'erreur et du mal, et l'obscurité d'en haut, celle qui dé­passe la lumière divine accessible sur terre, et qui fait pressentir ce qu'il y a de plus élevé dans les mystères di­vins que contemplent à découvert au ciel les bienheureux.

Pendant la Passion, quand les Apôtres, à l'exception de Jean, s'éloignent, elle est au pied de la croix, debout, sans s'évanouir ; elle ne cesse pas un instant de croire que son Fils est vraiment le Fils de Dieu, Dieu même, qu'il est, comme l'a-dit le Précurseur, « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde », qu'en apparence vaincu, c'est lui qui est vainqueur du démon et du péché et que dans trois jours il sera vainqueur de la mort par sa résurrection, comme il l'a annoncé.

Cet acte de foi de Marie au Calvaire, à cette heure la plus obscure, fut le plus grand acte de foi qui ait jamais existé : celui dont l'objet était le plus difficile : que Jésus remportait la plus grande victoire par la plus complète immolation.

Cette foi était admirablement éclairée par les dons qu'elle avait à un degré proportionné à celui de sa charité. Le don d'intelligence lui faisait pénétrer les mystères ré­vélés, leur sens intime, leur convenance, leur harmonie, leurs conséquences ; il lui faisait mieux voir leur crédibi­lité ; en particulier pour les mystères auxquels elle parti­cipa plus que personne, comme celui de la conception vir­ginale du Christ et de l'Incarnation du Fils de Dieu, par suite pour les mystères de la Sainte Trinité et l'économie de la rédemption.

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Message par ami de la Miséricorde Dim 5 Juil 2020 - 8:10

CHAPITRE III

Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

La foi éclairée par les dons en Marie


Le don de sagesse, sous l'inspiration du Saint-Esprit, lui faisait juger des choses divines par cette sympathie ou connaturalité qui est fondée sur la charité[194]. Elle connaissait ainsi expérimentalement combien ces mystè­res correspondent à nos aspirations les plus hautes et en suscitent toujours de nouvelles pour les combler. Elle les goûtait à proportion de sa charité, qui ne cessait de gran­dir, de son humilité et de sa pureté. En Marie se réalisè­rent éminemment les paroles : « C'est aux humbles que Dieu donne sa grâce », « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », ils l'entrevoient dès ici-bas.

Le don de science, par un instinct spécial de l'Esprit­-Saint, lui faisait juger des choses créées, soit comme symboles des choses divines au sens où les cieux racon­tent la gloire de Dieu, soit pour en voir le vide, la fragi­lité et mieux apprécier par contraste la vie éternelle.


Privilèges particuliers de son intelligence


A sa foi et à ces dons du Saint-Esprit, qui se trouvent à des degrés divers en tous les justes, comme fonctions de l'organisme spirituel, s'ajoutaient en Marie, comme chez beaucoup de saints, les grâces gratuites (gratis datae), ou charismes accordés surtout pour l'utilité du prochain. Ce sont plutôt des signes extérieurs pour confirmer la révé­lation et la sainteté, que des formes de la vie surnatu­relle, c'est pourquoi on les distingue.

A ce sujet les théologiens admettent généralement ce principe : plus que tous les autres saints Marie reçut tous les privilèges que de hautes convenances réclament pour elle, et qui n'avaient rien d'incompatible avec son état. En d'autres termes, elle ne saurait être à ce titre dans une condition d'infériorité par rapport aux autres saints, qu'elle dépassait de beaucoup par le degré selon lequel elle avait la grâce habituelle, les vertus infuses et les sept dons.

Encore faut-il bien entendre ce principe et non pas d'une façon trop matérielle. Si, par exemple, des saints ont vécu de longs mois sans nourriture, ou s'ils ont marché sur les eaux pour venir au secours de quelqu'un, il ne s'ensuit pas que la Sainte Vierge l'ait fait aussi; il suffit que de tels dons soient contenus dans des grâces d'ordre supérieur.
Mais en vertu du principe énoncé, on doit lui attribuer plusieurs charismes, soit d'une façon certaine, soit avec une grande probabilité.

Tout d'abord on doit admettre qu'elle a eu par privi­lège, mieux que les autres saints, la connaissance profonde de l'Ecriture, surtout de ce qui se rapporte au Messie, à l'Incarnation rédemptrice, à la Sainte Trinité, à la vie de la grâce et des vertus, à la vie éternelle.

Bien qu'il n'appartint.pas à Marie d'exercer le minis­tère officiel, elle dut éclairer saint Jean et saint Luc sur bien des choses relatives à la vie d'enfance et à la vie ca­chée de Jésus.

Quant aux objets d'ordre naturel, elle dut en avoir la connaissance claire et profonde qui était de quelque uti­lité; il n'est pas nécessaire de savoir que le sel ordinaire est du chlorure de sodium, ou que l'eau est composée (l'hydrogène et d'oxygène, pour bien connaître leurs pro­priétés naturelles, et même leur symbolisme supérieur.

Marie avait des choses naturelles la connaissance qui sert à mieux pénétrer les vérités morales et religieuses, ce qui manifeste l'existence de Dieu, de sa Providence univer­selle s'étendant au moindre détail, ce qui manifeste aussi la spiritualité et l'immortalité de l'âme, notre libre arbi­tre, notre responsabilité, les principes et les conclusions de la loi morale, les rapports de la nature et de la grâce.

Elle voyait admirablement la finalité de la nature, l'ordre de la création, la subordination de toute cause créée à la cause suprême; elle ne confondait pas cette subordination avec ce qui ne serait que coordination de l'action de la créature à celle du Créateur. Elle voyait que tout bien vient de Dieu, jusqu'à la libre détermination de nos actes salutaires et méritoires, et que nul ne serait meilleur qu'un autre, s'il n'était plus aimé par Dieu, ce qui est le fondement mérite de l'humilité et de l'action de grâces.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 5 Juil 2020 - 22:21

CHAPITRE III

Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Privilèges particuliers de son intelligence


La connaissance de Marie sur terre avait des bornes, surtout à l'origine; c'est ainsi qu'elle ne comprit pas d'a­bord toute la portée des paroles de Jésus enfant touchant les affaires de son Père (Luc,II, 48). Mais, comme on l'a dit souvent, c'étaient là des limites plutôt que des lacu­nes; ce n'était pas de l'ignorance, car ce n'était pas la privation d'une connaissance qu'il aurait convenu qu'elle possédât à ce moment. La Mère de Dieu, aux différentes époques de sa vie, savait ce qu'il convenait qu'elle sût.

A plus forte raison, ne fut-elle jamais sujette à l'er­reur; elle évitait toute précipitation dans le jugement, et suspendait celui-ci tant qu'elle n'avait pas la lumière suf­fisante; et, si elle n'était pas certaine, elle se contentait de considérer la chose comme vraisemblable ou probable, sans affirmer même intérieurement qu'elle fût vraie. Par exemple, il est dit en saint Luc (II, 44) que lorsque Jésus âgé de douze ans était resté à Jérusalem, elle estimait ou supposait qu'il était dans le cortège des parents et amis. C'était une supposition vraisemblable, vraiment probable, en cela elle ne se trompait pas.

Nous avons vu plus haut qu'elle eut très probable­ment, selon beaucoup de théologiens, au moins de façon transitoire, dès le sein de sa mère, la science infuse pour avoir l'usage du libre arbitre, le mérite qui faisait fructifier la plénitude initiale de grâce. Si cette science infuse lui fut ainsi très probablement accordée, il est bien diffi­cile de dire qu'elle en fut privée ensuite, car elle serait devenue moins parfaite au lieu de progresser incessam­ment dans cette voie du mérite.

La même raison de con­venance, nous l'avons vu, ibidem, a porté beaucoup de théologiens à affirmer avec saint François de Sales et saint Alphonse qu'elle gardait l'usage de cette science infuse pendant son sommeil pour continuer de mériter.

Parmi les grâces gratuites, on ne saurait non plus refu­ser à Marie la prophétie, qui est du reste manifestée par le Magnificat, en particulier par ces paroles : « Voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheu­reuse » (Luc, I, 48). La réalisation de cette prédiction est aussi évidente et constante depuis des siècles que l'é­noncé en est précis. Ce ne fut pas sans doute la seule prophétie dans la vie de la Sainte Vierge, puisque ce don est très fréquent chez bien des saints, comme on le voit par la vie du Curé d'Ars et de saint Jean Bosco.

Enfin, comme beaucoup de saints, elle dut avoir le don du discernement des esprits, pour reconnaître l'esprit de Dieu, le distinguer de toute illusion diabolique ou de l'exaltation naturelle, polir pénétrer aussi les secrets des cœurs, surtout lorsqu'on lui demandait conseil, pour ré­pondre toujours de façon juste, opportune et immédiate­ment applicable, comme le faisait si souvent le saint Curé d'Ars et beaucoup d'autres serviteurs de Dieu.
Plusieurs théologiens reconnaissent encore à Marie le don des langues, lorsqu'elle eut à voyager en des pays étrangers, en Egypte et à Ephèse.

A plus forte raison, depuis l'Assomption, Marie a-t-elle la plénitude de ce don, c'est ainsi que, dans les apparitions de Lourdes, de la Salette et d'autres endroits, elle a parlé le dialecte de la région où elle apparaissait, dialecte qui était du reste la seule langue connue des enfants auxquels elle apportait un message du ciel.

On s'est demandé si Marie avait eu sur terre, ne serait­-ce que quelques instants, la vision immédiate de l'essence divine, dont jouissent au ciel les bienheureux.
Les théologiens enseignent communément contre Chr. Véga et François-Guerra, que certainement elle ne l'a pas eue de façon permanente, en quoi elle diffère de Notre­Seigneur, car, si elle l'avait eue ainsi, elle n'aurait pas eu la foi.

A-t-elle eu cette faveur, vers la fin de sa vie, de façon transitoire ? Il est difficile de répondre avec certitude. Elle a dit avoir une vision intellectuelle de la Sainte Trinité supérieure à celle que reçut sainte Thérèse et bien d'au­tres saints parvenus à l'union dite transformante (VII° de­meure de sainte Thérèse); mais cette vision intellectuelle, si élevée soit-elle, reste de l'ordre de la foi, elle est infé­rieure à la vision immédiate de l'essence divine, et se fait par idée infuse.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 6 Juil 2020 - 21:20

CHAPITRE III

Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Privilèges particuliers de son intelligence

On sait que, selon saint Augustin et saint Thomas, il est probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, lorsque, dit-il (II Cor., XII, 2), « il fut ravi jus­qu'au troisième ciel (dans son corps ou sans son corps, il ne sait) enlevé dans le paradis et qu'il entendit des paro­les ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de révé­ler ».

Saint Augustin et saint Thomas remarquent que le troisième ciel, selon les Hébreux, n'est pas celui de l'air, ni celui des astres, mais le ciel spirituel où Dieu habite et est vu par les anges, le paradis, comme dit saint Paul lui-même dans le texte cité. Aussi ces deux grands doc­teurs considèrent comme probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, car il était appelé à être le Docteur des Gentils, celui de la grâce, et qu'on ne peut pleinement connaître le prix de la grâce, germe de la gloire, sans avoir joui un instant de celle-ci. Il y a là une sérieuse probabilité qui se recommande de l'autorité des deux plus grands théologiens de l'Eglise, qui reçurent eux-mêmes de très grandes grâces mystiques, et qui pou­vaient juger beaucoup mieux que nous de la réponse à faire à une pareille question.

Cette opinion de saint Augustin et de saint Thomas n'est pourtant pas acceptée par Estius, par Corneille de la Pierre. Des exégètes modernes, comme le P. B. Allo, O.P., dans son commentaire de la II° Ep. aux Corinthiens, se contentent de dire que « saint Paul fut alors élevé sur les hauts sommets de la contemplation divine, il dut chanter les chants indicibles des bienheureux autour du trône de Dieu ».

Pour revenir à la Sainte Vierge, il faut remarquer avec le P. Hugon, que, s'il reste probable que saint Paul a reçu un moment ce privilège, il est bien difficile de le refuser à la Mère de Dieu, car sa maternité divine, la plé­nitude de grâce, et l'absence de toute faute la disposaient plus que personne à la béatitude de l'éternité. Si l'on ne peut affirmer avec certitude qu'elle a eu ici-bas pendant quelques instants la vision béatifique, la chose reste très probable.

Ce simple aperçu suffit pour donner une idée de ce que furent pendant sa vie terrestre les dons intellectuels de la Sainte Vierge.

Les principales vertus de Marie


Nous avons parlé un peu plus haut de sa foi; il convient de dire brièvement ce que furent en elle l'espérance, la charité, les quatre vertus cardinales; puis l'humilité et la douceur.
L'espérance par laquelle elle tendait à posséder Dieu qu'elle ne voyait pas encore, était une parfaite confiance, qui s'appuyait, non pas sur elle-même, mais sur la Misé­ricorde Divine et la toute-puissance auxiliatrice.

Ce fon­dement lui donnait une certitude très ferme, « certitude de tendance », dit saint Thomas qui fait penser à celle qu'a le navigateur, après avoir pris le bon chemin, de tendre effectivement vers le but de son voyage, et qui augmente dans la mesure où il s'en rapproche. En Marie cette certitude augmentait aussi par les inspirations du don de piété par lesquelles, en suscitant en nous une affection toute filiale pour lui, « le Saint-Esprit rend té­moignage à notre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu » (Rom., VII, 16), et que nous pouvons compter sur son secours.

Cette certitude de l'espérance était d'autant plus grande en Marie, qu'elle était confirmée en grâce, préservée de toute faute, et donc de toute déviation, aussi bien du côté de la présomption que de celui de la dépression et du manque de confiance en Dieu.

Cette espérance parfaite, elle l'a exercée lorsque dans sa jeunesse elle avait le désir ardent de la venue du Mes­sie, lorsqu'elle la demandait pour le salut des peuples, ensuite quand elle attendait que le secret de la conception virginale du Sauveur fut manifesté à Joseph son époux; quand elle dut fuir en Egypte; plus tard au Calvaire, lors­que tout paraissait désespéré et qu'elle espéra la parfaite et prochaine victoire du Christ sur la mort, comme lui­-même l'avait annoncée. Sa confiance soutint enfin celle des Apôtres au milieu de leurs luttes incessantes pour la diffusion de l'Evangile et la conversion du monde païen.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 7 Juil 2020 - 22:41

CHAPITRE III

Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Les principales vertus de Marie


Sa charité, son amour de Dieu pour lui-même et des âmes en Dieu, dépassait dès le début la charité finale de tous les saints réunis, puisqu'elle était au même degré que la plénitude de grâce, et que Marie était toujours plus intimement unie au Père, comme sa fille de prédilection, au Fils comme sa Mère Vierge, étroitement associée à sa mission, au Saint-Esprit par un mariage spirituel qui dépassait de beaucoup celui qu'ont connu les plus grands mystiques. Elle était, à un degré que nous ne pouvons entrevoir, le temple vivant de la Sainte Trinité. Dieu l'ai­mait déjà plus que toutes les autres créatures ensemble, et elle répondait parfaitement à cet amour, après s'être consacrée pleinement à lui dès le premier instant de sa conception, et en vivant toujours dans la plus complète conformité de volonté à son bon plaisir.

Aucune passion désordonnée, aucune vaine inquiétude, aucune distraction ne venaient ralentir l'élan de son amour pour Dieu, et son zèle pour la régénération des âmes était proportionné à cet élan; elle s'offrait incessamment et offrait son Fils pour notre salut.
Cette charité éminente, elle l'a exercée d'une façon con­tinuelle et plus spécialement lorsqu'elle s'est consacrée totalement à Dieu, puis lorsqu'elle fut présentée au tem­ple et fit le vœu de virginité, s'en remettant à la Provi­dence pour le lui faire observer parfaitement; ensuite quand à l'Annonciation elle donna son consentement avec une parfaite conformité à la volonté de Dieu et par amour pour toutes les âmes à sauver, de même en concevant son Fils, en lui donnant le jour; en le présentant au temple, en le retrouvant plus tard au milieu des docteurs, enfin en l'offrant au Calvaire, en participant à toutes ses souf­frances pour la gloire de Dieu, en esprit de réparation et pour le salut de tous. Au moment même où elle entendit les cris : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », elle s'unit à la prière du Sauveur pour ses bourreaux : « Père; pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (Luc, XXIII, 34).

Aussi l'Eglise lui applique-t-elle ces paroles de l'Ecclé­siastique (XXIV, 24, 17) : « Je suis la Mère du pur amour, de la crainte de Dieu, de la sagesse et de la sainte espé­rance ».

Les vertus morales infuses sont en tous les justes à un degré proportionné à celui de leur charité : la prudence dans la raison pour assurer la rectitude du jugement pra­tique selon la loi divine, la justice dans la volonté pour rendre à chacun ce qui lui est du, la force et la tempé­rance dans la sensibilité pour la discipliner et faire des­cendre en elle la rectitude de la droite raison éclairée par la foi. A ces quatre vertus cardinales se rattachent les autres vertus morales infuses.

Quant aux vertus acquises, qui sont d'ordre naturel, elles facilitent l'exercice des précédentes, auxquelles elles sont subordonnées, comme chez l'artiste l'agilité des doigts facilite l'exercice de l'art, qui est dans l'intelli­gence.

La prudence en Marie dirigeait tous ses actes vers la fin dernière surnaturelle, sans aucune déviation; tous ses actes étaient délibérés et méritoires. L'Eglise l'appelle Virgo prudentissima. Elle exerça particulièrement cette vertu éclairée par le don de conseil à l'Annonciation, lors­que « troublée par les paroles de l'ange, elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation (Luc, I, 29), puis quand elle interrogea : « Comment cela se fera-t-il, puis­que je ne connais point d'homme »; et après avoir été éclairée, lorsqu'elle dit « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. »
La justice, elle l'exerça en évitant toute faute contraire à cette vertu, en observant toutes les prescriptions de la loi, même de la purification alors qu'elle n'avait aucun besoin d'être purifiée, et en ordonnant toute sa vie au plus grand bien de l'humanité à régénérer et de son peuple.

Elle a pratiqué de la façon la plus haute la justice à l'égard de Dieu, c'est-à-dire la vertu de religion, unie au don de piété, en se consacrant totalement au service de Dieu dès le premier instant, en faisant le vœu de virgi­nité, en offrant son Fils à la présentation au temple, plus encore en offrant sa mort sur la croix. Elle offrit ainsi avec lui le plus grand acte de la vertu de religion le sacrifice parfait, l'holocauste d'une valeur infinie. Elle a pratiqué de même l'obéissance parfaite à tous les commandements, accompagnée de la plus généreuse prompti­tude à suivre tous les conseils et inspirations du Saint-­Esprit.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 8 Juil 2020 - 21:47

CHAPITRE III

Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Les principales vertus de Marie


Cette justice en elle fut toujours unie à la miséricorde, avec son Fils, elle pardonna toutes les injures qui lui étaient faites, et montra la plus grande commisération pour les pécheurs et pour les affligés. Aussi l'Eglise l'ap­pelle-t-elle : Mère de Miséricorde, Notre Dame du perpé­tuel secours, titre que redisent des milliers de sanctuaires dans les divers pays du monde ; par elle se réalise cette parole du psalmiste : « Misericordia Dei plena est terra. »

La force ou la fermeté de l'âme qui ne se laisse pas abattre par les plus grands dangers, les plus durs travaux et les plus pénibles, afflictions, apparut en Marie à un degré non moins éminent, surtout pendant la Passion du Sauveur, lorsqu'elle resta debout au pied de la croix, sans défaillir, selon le témoignage de saint Jean (XIX, 25).

On sait que Cajetan a écrit un opuscule De spasmo Virginis contre l'opinion d'après laquelle Marie se serait évanouie sur le chemin du Calvaire. Médina, Tolet, Suarez et l'en­semble des théologiens, ont également rejeté cette opi­nion.

La Sainte Vierge fut soutenue par les inspirations du don de force au point qu'elle a mérité par le martyre du cœur d'être appelée Reine des martyrs, du fait qu'elle a intérieurement participé aux douleurs de son Fils plus profondément et plus généreusement que tous les mar­tyrs dans leurs tourments extérieurs. C'est ce que l'Eglise rappelle en la fête de la Compassion de la Sainte Vierge, et en celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, par­ticulièrement dans le Stabat, où il est dit :

Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ,
Passionis fac consortem Faites-moi partager sa passion
Et plagas recolere. et vénérer ses saintes plaies.

Fac me plagis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessu­res
Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix
Et cruore Filii. et du sang de votre Fils.

C'est le plus haut degré de la force, de la patience et de la magnanimité ou grandeur d'âme dans la plus extrême affliction.

La tempérance sous ses différentes formes, en particu­lier la virginité parfaite, apparut dans son angélique pu­reté, qui assurait en tout la prédominance de l'âme sur le corps, celle des facultés supérieures sur la sensibilité, de telle sorte que Marie était de plus en plus spirituali­sée; l'image de Dieu resplendissait en elle comme en un très pur miroir sans trace aucune d'imperfection.

L'humilité n'eut jamais en elle à réprimer le moindre premier mouvement d'orgueil ou de vanité, mais elle, la portait à l'acte propre de cette vertu, à reconnaître pratiquement que par elle-même elle n'était rien et ne pou­vait rien, sans la grâce, dans l'ordre du salut, aussi s'in­clinait-elle devant l'infinie majesté de Dieu et devant ce qu'il y avait de lui en tout être créé. Plus qu'aucune autre créature elle a mis sa grandeur en Dieu, en elle se réalise éminemment cette parole du Missel - Deus humi­lium celsitudo.

Le jour de l'Annonciation elle dit : « Je suis la ser­vante du Seigneur » et dans le Magnificat elle rend grâces au Très-Haut d'avoir daigné regarder son infime condi­tion. Au jour de la purification, elle se soumet à une loi qui n'a pas été portée pour elle.

Toute sa vie son humilité se manifeste par tout son extérieur, sa parfaite modes­tie, sa pauvreté volontaire, les travaux manuels très sim­ples qu'elle accomplit, alors qu'elle a reçu les plus gran­des grâces qu'aucune autre créature ne recevra jamais.

Sa douceur correspondait à son humilité selon cette pa­role de la liturgie : Virgo singularis inter omnes mitis ; même à l'égard de ceux qui crucifiaient son Fils elle n'a proféré aucune parole d'indignation, mais avec lui elle leur a pardonné en priant pour eux; c'est la plus grande perfection de la douceur, unie à celle de la force.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 10 Juil 2020 - 23:16

CHAPITRE III

Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Les principales vertus de Marie


Cette justice en elle fut toujours unie à la Miséricorde, avec son Fils, elle pardonna toutes les injures qui lui étaient faites, et montra la plus grande commisération pour les pécheurs et pour les affligés. Aussi l'Eglise l'ap­pelle-t-elle : Mère de Miséricorde, Notre Dame du perpé­tuel secours, titre que redisent des milliers de sanctuaires dans les divers pays du monde ; par elle se réalise cette parole du psalmiste : « Misericordia Dei plena est terra. »

La force ou la fermeté de l'âme qui ne se laisse pas abattre par les plus grands dangers, les plus durs travaux et les plus pénibles, afflictions, apparut en Marie à un degré non moins éminent, surtout pendant la Passion du Sauveur, lorsqu'elle resta debout au pied de la croix, sans défaillir, selon le témoignage de saint Jean (XIX, 25).

On sait que Cajetan a écrit un opuscule De spasmo Virginis contre l'opinion d'après laquelle Marie se serait évanouie sur le chemin du Calvaire. Médina, Tolet, Suarez et l'en­semble des théologiens, ont également rejeté cette opi­nion.

La Sainte Vierge fut soutenue par les inspirations du don de force au point qu'elle a mérité par le martyre du cœur d'être appelée Reine des martyrs, du fait qu'elle a intérieurement participé aux douleurs de son Fils plus profondément et plus généreusement que tous les mar­tyrs dans leurs tourments extérieurs. C'est ce que l'Eglise rappelle en la fête de la Compassion de la Sainte Vierge, et en celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, par­ticulièrement dans le Stabat, où il est dit :

Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ,
Passionis fac consortem Faites-moi partager sa passion
Et plagas recolere. et vénérer ses saintes plaies.

Fac me plagis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessu­res
Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix
Et cruore Filii. et du sang de votre Fils.

C'est le plus haut degré de la force, de la patience et de la magnanimité ou grandeur d'âme dans la plus extrême affliction.

La tempérance sous ses différentes formes, en particu­lier la virginité parfaite, apparut dans son angélique pu­reté, qui assurait en tout la prédominance de l'âme sur le corps, celle des facultés supérieures sur la sensibilité, de telle sorte que Marie était de plus en plus spirituali­sée; l'image de Dieu resplendissait en elle comme en un très pur miroir sans trace aucune d'imperfection.

L'humilité n'eut jamais en elle à réprimer le moindre premier mouvement d'orgueil ou de vanité, mais elle, la portait à l'acte propre de cette vertu, à reconnaître pratiquement que par elle-même elle n'était rien et ne pou­vait rien, sans la grâce, dans l'ordre du salut, aussi s'in­clinait-elle devant l'infinie majesté de Dieu et devant ce qu'il y avait de lui en tout être créé. Plus qu'aucune autre créature elle a mis sa grandeur en Dieu, en elle se réalise éminemment cette parole du Missel - Deus humi­lium celsitudo.

Le jour de l'Annonciation elle dit : « Je suis la ser­vante du Seigneur » et dans le Magnificat elle rend grâces au Très-Haut d'avoir daigné regarder son infime condi­tion. Au jour de la purification, elle se soumet à une loi qui n'a pas été portée pour elle.

Toute sa vie son humilité se manifeste par tout son extérieur, sa parfaite modes­tie, sa pauvreté volontaire, les travaux manuels très sim­ples qu'elle accomplit, alors qu'elle a reçu les plus gran­des grâces qu'aucune autre créature ne recevra jamais.

Sa douceur correspondait à son humilité selon cette pa­role de la liturgie : Virgo singularis inter omnes mitis ; même à l'égard de ceux qui crucifiaient son Fils elle n'a proféré aucune parole d'indignation, mais avec lui elle leur a pardonné en priant pour eux; c'est la plus grande perfection de la douceur, unie à celle de la force.

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Message par ami de la Miséricorde Dim 12 Juil 2020 - 7:42

CHAPITRE III

Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Les principales vertus de Marie


Toutes les vertus, même celles qui sont en apparence opposées, s'unissaient en elle avec une parfaite harmonie, qui fait penser à la simplicité éminente de Dieu où se fondent ensemble les perfections absolues les plus diffé­rentes comme l'infinie justice et l'infinie Miséricorde.

Tels sont les dons intellectuels de Marie et ses princi­pales vertus, qui ont fait d'elle le modèle de la vie con­templative, unie au plus grand dévouement à l'égard du Verbe incarné, et à l'apostolat caché le plus profond et le plus universel, puisque personne n'a été associé comme elle à l'œuvre immense de la rédemption, comme nous le verrons plus loin en parlant de sa médiation univer­selle.

Ce que nous venons de dire des principales vertus de Marie, de ses dons intellectuels et de leur harmonie nous montre plus concrètement ce qu'a été en elle le progrès spirituel, et comment la plénitude de grâce a considérablement augmenté en elle à l'instant de l'Incar­nation et dans les principaux mystères qui ont suivi : à la nativité du Sauveur, à la présentation de Jésus au tem­ple, lors (le la fuite en Egypte, pendant la vie cachée de Nazareth, plus encore au Calvaire, à la Pentecôte, et lors­qu'elle assistait et communiait à la messe célébrée par saint Jean.

Il convient de traiter maintenant de la plénitude finale de grâce au moment de sa mort, et à l'instant de son entrée au ciel. Nous pouvons suivre ainsi les phases suc­cessives de la vie spirituelle de Marie depuis l'Immaculée Conception jusqu'à sa glorification, tel le cours d'un fleuve qui provient d'une source très haute et qui, en fer­tilisant tout sur son passage, va se jeter dans l'océan.


CHAPITRE IV

La plénitude finale de grâce en Marie


Pour considérer cette plénitude finale sous ses divers aspects, il faut dire d'abord ce qu'elle fut au moment de la mort de la Sainte Vierge, rappeler ce qu'enseigne le magistère ordinaire de l'Eglise sur l'Assomption et par­ler enfin de cette plénitude finale de grâce telle qu'elle s'épanouit éternellement au ciel.


Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE haut

Marie fut laissée au monde après Jésus-Christ pour consoler l'Eglise, dit Bossuet[207]. Elle le fit par sa prière, par ses mérites qui ne cessèrent de grandir; elle soutint ainsi les Apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances et elle exerça un apostolat caché profond en fécondant le leur.

Nous avons vu plus haut, en parlant des conséquences du privilège de l'Immaculée Conception, qu'en Marie, comme en Notre-Seigneur, la mort ne fut pas une suite du péché originel dont ils furent préservés.

Elle fut une suite de la nature humaine, car l'homme par sa nature est mortel comme l'animal; il n'était immortel à l'origine que par un privilège préternaturel concédé dans l'état d'innocence; ce privilège étant perdu par suite de la faute du premier homme, la nature apparut telle qu'elle est par elle-même : sujette à la douleur et à la mort.

Le Christ, venant comme Rédempteur, fut conçu in carne passibili, dans une chair passible et mortelle. Il faut en dire autant de la Sainte Vierge.

La mort fut donc en eux une suite, non pas du péché originel, dont ils furent préservés, mais de la nature humaine laissée à ses lois naturelles, après la perte du privilège de l'im­mortalité.

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Message par ami de la Miséricorde Lun 13 Juil 2020 - 7:57

CHAPITRE IV

Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE


Mais Jésus a accepté et offert sa douloureuse passion et sa mort pour notre salut, et Marie, au Calvaire surtouta offert son Fils pour nous, en s'offrant elle-même avec lui. Elle a fait, comme lui, pour nous le sacrifice de sa vie, dans le martyre du cœur le plus généreux après celui de Notre-Seigneur.

Lorsque, plus tard, l'heure de sa mort arriva, le sacri­fice de sa vie était déjà fait, et il se renouvela en prenant la forme parfaite de ce que la tradition a appelé la mort d'amour, qui n'est pas seulement la mort en état de grâce ou dans l'amour, mais qui est une suite de l'intensité d'un amour calme et très fort, par lequel l'âme, mûre pour le ciel, quitte son corps et va s'unir à Dieu dans la vision immédiate et éternelle de la patrie, comme un grand fleuve se jette dans l'océan.

Sur les derniers instants de Marie, il faut redire ce qu'a écrit saint Jean Damascène, « qu'elle mourut d'une mort extrêmement paisible ». C'est ce qu'expli­que admirablement saint François dans son Traité de l'amour de Dieu, l. VII, ch. XIII et XIV : « Que la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu mourut d'amour pour son Fils. » - « Il est impossible d'imaginer, dit-il, qu'elle soit morte d'autre sorte de mort que de celle d'amour : mort la plus noble de toutes, et due, par conséquent, à la plus noble vie...

Si les premiers chrétiens furent dits n'avoir qu'un cœur et une âme (Act. Ap., IV, 32) à cause de leur parfaite mutuelle dilection; si saint Paul ne vivait plus lui-même, mais Jésus-Christ vivait en lui (Gal., II, 20), à raison de l'extrême union de son cœur à celui de son Maitre,... combien est-il plus véritable que la sacrée Vierge et son Fils n'avaient qu'une âme, qu'un cœur et qu'une vie... en sorte que son Fils vivait en elle ! Mère la plus aimante et la plus aimée qui pouvait être..., d'un amour incomparablement plus éminent que celui de tous les ordres des Anges et des hommes, à mesure que les noms de Mère unique et de Fils unique sont aussi des noms au-dessus de tous autres noms en matière d'a­mour...

« Or, si cette Mère vécut de la vie de son Fils, elle mou­rut aussi de la mort de son Fils ; car quelle est la vie, telle est la mort... Ayant assemblé en son esprit, par une très vive et continuelle mémoire, tous les plus aimables mys­tères de la vie et de la mort de son Fils, et recevant tou­jours à droit fil parmi cela les plus ardentes inspirations que son Fils, soleil de justice, jetât sur les humains au plus fort du midi de sa charité,... enfin le feu sacré de ce divin amour la consuma toute, comme un holocauste de suavité; de sorte qu'elle en mourut, son âme étant toute ravie et transportée entre les bras de la dilection de son Fils... »

Ch. XIV : « Elle mourut d'un amour extrêmement doux et tranquille. »
« Le divin amour croissait à chaque moment dans le cœur virginal de notre glorieuse Dame, mais par des croissances douces, paisibles et continues, sans agitation, ni secousse, ni violence quelconque... comme un grand fleuve qui, ne trouvant plus d'obstacle en la plaine, y coule doucement sans effort...

« Comme le fer, s'il était quitte de tout empêchement, serait attiré fortement, mais doucement par l'aimant, en sorte que l'attraction serait toujours plus active et plus forte à mesure que l'un serait plus près de l'autre et que le mouvement serait plus proche de sa fin, ainsi la très sainte Mère n'ayant rien en soi qui empêchât l'opération du divin amour de son-Fils, elle s'unissait avec iceluy d'une union incomparable, par des extases douces, paisi­bles et sans effort... Si que la mort de cette Vierge fut plus douce qu'on ne peut se l'imaginer, son Fils l'attirait suavement « à l'odeur de ses parfums »...L'amour avait donné près de la croix à cette divine Epouse les suprê­mes douleurs de la mort; certes, il était raisonnable qu'enfin la mort lui donnât les souveraines délices de l'a­mour. »

Bossuet s'exprime de même dans son Ier sermon pour la fête de l'Assomption, Ier point : « Si aimer Jésus, et être aimé de Jésus, ce sont deux choses qui attirent les divines bénédictions sur les âmes, quel abîme de grâces n'avait point, pour ainsi dire, inondé celle de Marie ! Qui pourrait décrire l'impétuosité de cet amour mutuel, à la­quelle concourait tout ce que la nature a de tendre, tout ce que la grâce a d'efficace ? Jésus ne se lassait jamais de se voir aimé de sa mère : cette sainte mère ne croyait jamais avoir assez d'amour pour cet unique et ce bien-­aimé; elle ne demandait d'autre grâce à son Fils, sinon de l'aimer, et cela même attirait sur elle de nouvelles grâ­ces


Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 13 Juil 2020 - 22:26

CHAPITRE IV

Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE


« Mesurez, si vous pouvez, à son amour la sainte impa­tience qu'elle avait d'être réunie à son Fils... Si le grand apôtre saint Paul veut rompre incontinent les liens du corps, pour aller chercher son maître à la droite de son Père, quelle devait être l'émotion du sang maternel !

Le jeune Tobie, pour une absence d'un,an, perce le cœur de sa mère d'inconsolables douleurs. Quelle différence entre Jésus et Tobie ! et quels regrets la Vierge ne ressentait-­elle pas de se voir si longtemps séparée d'un Fils qu'elle aimait uniquement !

Quoi, disait-elle, quand elle voyait quelque fidèle partir de ce monde, par exemple, saint Etienne, et ainsi des autres, quoi, mon Fils, à quoi me réservez-vous désormais, et pourquoi me laissez-vous ici la dernière ? ... Après m'avoir amenée au pied de votre croix pour vous voir mourir, comment me refusez-vous si longtemps de vous voir régner ? Laissez, laissez seule­ment agir mon amour ; il aura bientôt désuni mon âme de ce corps mortel, pour me transporter à vous, en qui seul je vis.

« Cet amour étant si ardent, si fort et si enflammé, il n'envoyait pas un désir au ciel, qui ne dût tirer avec soi l'âme de Marie.

« Alors la divine Vierge rendit, sans peine et sans vio­lence, sa sainte et bienheureuse âme entre les mains de son Fils. Comme la plus légère secousse détache de l'ar­bre un fruit déjà mûr... ainsi fut cueillie cette âme bénie, pour être tout d'un coup transportée au ciel; ainsi mou­rat la divine Vierge par un élan de l'amour divin. »

Nous voyons en cette très sainte mort la plénitude finale de grâce telle qu'elle peut être sur terre, elle corres­pond admirablement à la plénitude initiale qui n'a cessé de grandir depuis l'instant de l'Immaculée Conception, et elle dispose à la plénitude consommée du ciel, qui est toujours proportionnée chez les élus au degré de leurs mérites au moment même de leur mort.

Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE


Que faut-il entendre par l'Assomption de Marie ? On entend dans l'Eglise universelle par cette expression que la Sainte Vierge, peu après sa mort et sa résurrection glo­rieuse, fut élevée corps et âme au ciel pour toujours au­-dessus des saints et des anges. On dit Assomption et non pas Ascension, comme pour Notre-Seigneur, car Jésus par sa puissance divine a pu s'élever lui-même au ciel, tandis que Marie ressuscitée y a été élevée par la puis­sance divine jusqu'au degré de gloire où elle-avait été prédestinée.

Ce fait de l'Assomption était-il accessible aux sens, et, s'il y avait des témoins, en particulier les Apôtres, ou au moins l'un d'eux, saint Jean, ont-ils pu de leurs yeux cons­tater ce fait ?

Il y a eu certes dans ce fait quelque chose de sensible, c'est l'élévation du corps de Marie vers le ciel. Mais le terme de cette élévation, c'est-à-dire l'entrée au ciel et l'exaltation de Marie au-dessus de tous les saints et des anges, a été invisible ou inaccessible aux sens.
Sans doute, si des témoins ont trouvé vide le tombeau de la Mère de Dieu, et si ensuite ils ont constaté sa résur­rection et son élévation vers le ciel, ils ont pu présumer qu'elle était entrée au ciel, et que Notre-Seigneur l'avait associée à la gloire de son Ascension.

Mais une présomption n'est pas une certitude. Absolu­ment parlant, le corps glorieux de Marie aurait pu être transporté en un autre lieu invisible, celui par exemple où avait été momentanément le corps de Jésus ressuscité entre les apparitions qui suivirent sa résurrection.

Si une présomption n'est pas une certitude, comment l'entrée au ciel de la Sainte Vierge a-t-elle été connue d'une façon certaine ?

Pour cela, il faut qu'elle ait été révélée par Dieu lui-­même. L'Ascension le fut explicitement, remarque saint Thomas, par l'intermédiaire des anges qui dirent « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrètez-vous à regar­der le ciel ? Ce Jésus qui, du milieu de vous, a été enlevé au ciel, en viendra de la même manière que vous l'avez vu monter. »

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 14 Juil 2020 - 22:42

CHAPITRE IV

Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE

Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE


De plus, comme le motif de notre foi est l'autorité de Dieu révélateur, l'Assomption n'est définissable comme dogme de foi que si elle a été révélée par Dieu au moins implicitement.
Mais il ne suffit pas qu'il y ait eu une révélation pri­vée, faite à une personne privée comme la révélation faite à Jeanne d'Arc ou à Bernadette de Lourdes ou aux petits bergers de la Salette.

Ces révélations privées peu­vent par leurs résultats devenir publiques en un sens, mais elles ne font pas partie du dépôt de la Révélation commune, infailliblement proposée par l'Eglise à tous les fidèles, elles fondent seulement une pieuse croyance distincte de la foi catholique.

Il ne suffit pas non plus d'une révélation privée comme celle faite à sainte Marguerite-Marie sur le culte à rendre au Sacré-Cœur, car une révélation de ce genre reste pri­vée, et elle attire seulement l'attention sur les conséquen­ces pratiques d'une vérité de foi déjà certaine, ici sur cette vérité déjà connue que le Sacré-Cœur de Jésus mérite l'adoration ou le culte de latrie.

Pour que l'Assomption de Marie soit certaine et puisse être proposée à l'Eglise universelle, il a fallu une révéla­tion publique faite aux Apôtres ou au moins à l'un d'eux, par exemple à saint Jean; car après la mort du dernier des apôtres, le dépôt de la Révélation commune est clos.

Enfin la résurrection anticipée de Marie et son entrée au ciel, corps et âme, est un fait contingent qui dépend du libre arbitre de Dieu; il ne peut ainsi se déduire avec certitude d'autres vérités de foi qui n'auraient pas de connexion nécessaire avec lui.

Il faut donc pour que l'Assomption de Marie soit cer­taine et puisse être proposée universellement à la foi des fidèles, qu'elle ait été révélée aux Apôtres, au moins à l'un d'eux, soit de façon explicite, soit de façon implicite ou confuse qui s'est explicitée plus tard. Voyons ce que manifestent à ce sujet les documents de la Tradition, puis les raisons théologiques qui ont été communément alléguées, au moins depuis le VII° siècle.

1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé


Sans doute, on ne peut pas prouver directement ni par l'Ecriture, ni par les documents primitifs de la Tradition, que ce privilège a été révélé explicitement à l'un des Apôtres, car aucun texte de l'Ecriture ne contient cette affirmation explicite, et les documents primitifs de la Tradition sur ce point font défaut.

Mais on prouve indirectement par les documents postérieurs de la Tradition qu'il y a eu une révélation an moins implicite, car il y a certainement, à partir du VII° siècle, des faits qui ne s'expliqueraient pas sans elle.

Dès le VII° siècle au moins l'Eglise presque tout entière, en Orient et en Occident, célébrait la fête de l'Assomption. A Rome, le pape Sergius (687-707) ordonnait une procession solennelle ce jour-là.

Plusieurs théologiens et liturgistes prétendent même qu'elle existait avant saint Grégoire le Grand († 604) et ils citent à l'appui de leur opinion la collecte de la messe de l'Assomption con­tenue dans le sacramentaire appelé grégorien, mais pro­bablement postérieur, où l'on trouve ces mots : « Nec tamen mortis nexibus deprimi potuit.»

D'après le témoignage de saint Grégoire de Tours, la fête de l'Assomption semble bien se célébrer en Gaule au VI° siècle. On l'y célébrait certainement au VII° siè­cle, comme le prouvent le Missale gothicum et le Missale gallicanum vetus, qui remontent à la fin de ce siècle et qui contiennent de belles prières pour la messe de l'As­somption.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 15 Juil 2020 - 22:05

CHAPITRE IV

Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE

Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé


En Orient, l'historien Nicéphore Calliste nous apprend que l'empereur Maurice (582-602), contempo­rain et ami de saint Grégoire le Grand, ordonna, de célé­brer solennellement cette fête le 15 août.

La plus ancienne attestation de la croyance tradition­nelle en Orient paraît être celle de saint Modeste, patriar­che de Jérusalem († 634), dans son Encomium in dormi­nonem Deiparae. Selon lui, les Apôtres, amenés de loin auprès de la Sainte Vierge par inspiration divine, au­raient assisté à l'Assomption. Viennent ensuite les homé­lies de saint André de Crète († 720), qui fut moine à Jérusalem et archevêque de Crète, In dormitionem Dei­parae[218], de saint Germain, patriarche de Constantino­ple († 733), In sanctam Dei Genitricis dormilionem, et enfin de saint Jean Damascène († 760), In dormitio­nem beatae Mariae Virginis.

Les témoignages postérieurs au VIII° siècle abondent : sont communément cités ceux de Notker de Saint-Gall, de Fulbert de Chartres, de Pierre Damien, de saint Anselme, d'Hildebert, d'Abélard, de saint Bernard, de Richard de Saint-Victor, de saint Albert le Grand, saint Bonaventure et saint Thomas, témoignages qui sont re­produits par nombre d'auteurs depuis le XIII° siècle.

Entre le VII° et le IX° siècle se développent la liturgie, la théologie, la prédication de l'Assomption. Le pape Léon IV institue l'octave de cette fête vers 847.

Les auteurs de cette époque et les suivants considèrent je fait commémoré par cette fête universelle, non pas comme l'objet d'une pieuse croyance, propre à tel ou tel pays, mais comme partie intégrante de la tradition géné­rale, qui remonte dans l'Eglise aux temps les plus anciens.

Ce ne sont pas seulement du reste les auteurs du VII° au IX° siècle qui parlent ainsi, c'est l'Eglise elle-même : du fait qu'elle célèbre universellement cette fête en Orient et en Occident, généralement le 15 août, elle mon­tre qu'elle considère le privilège de l'Assomption comme une vérité certaine enseignée par le magistère ordinaire, c'est-à-dire par tous les évêques en union avec le Pasteur suprême. La prière universelle de l'Eglise manifeste en effet sa foi : Lex orandi, lex credendi. Ce n'est pas encore une vérité solennellement définie, mais il serait, dit-on communément, au moins téméraire ou erroné de la nier.

Cette croyance générale est à la fois celle des pasteurs qui représentent l'Eglise enseignante et celle des fidèles qui constituent l'Eglise enseignée; la seconde est infail­lible en dépendance de la première, et se manifeste elle-­même par le sens chrétien des fidèles et par la répugnance qu'ils éprouveraient si l'on venait nier le privilège de l'Assomption ou le mettre en doute.

C'est ce qui se produisit lorsque quelques rares auteurs proposèrent de changer la fête du 15 août. Benoît XIV répondit : Ecclesiam hanc amplexam esse sententiam.

L'Eglise en effet ne se contente pas de tolérer cette doctrine, elle la propose positivement, elle l'inculque par sa liturgie et la prédication tant en Orient qu'en Occi­dent.

L'accord universel de toute l'Eglise célébrant ainsi cette fête solennelle montre que c'est l'enseignement de son magistère ordinaire.

Or celui-ci, pour être fondé, demande que cette vérité soit au moins implicitement révélée. Autrement, nous l'avons vu plus haut, il n'y aurait pas de certitude du fait de l'entrée au ciel de Marie corps et âme.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 17 Juil 2020 - 9:05

CHAPITRE IV

Article I - QUE FUT CETTE PLÉNITUDE FINALE AU MOMENT DE LA MORT DE LA SAINTE VIERGE

Article II - L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE

1° Par les documents de la Tradition ce privilège apparaît au moins implicitement révélé


Et même il est probable qu'il y a eu une révélation explicite faite aux Apôtres ou à l'un d'entre eux, car il est bien difficile d'expliquer autrement la tradition univer­selle qui existe manifestement en Orient et en Occident depuis le VII° siècle au moins et qui s'exprime en cette fête,

Si, en effet, il n'y avait eu à l'origine de l'Eglise qu'une révélation implicite ou confuse, comment les différents évêques et théologiens des diverses parties de l'Eglise se seraient-ils accordés, tant en Orient qu'en Occident, pour reconnaître que ce privilège était implicitement révélé ?

Cet accord aurait dû être préparé par des travaux et des conciles dont nul n'a jamais entendu parler. Il n'y a pas trace non plus de révélations privées qui auraient provo­qué ces recherches dans le dépôt de la Révélation et des recherches dans toute l'Eglise.

Jusqu'au VI° siècle, on gardait le silence sur ce privi­lège de Marie, craignant que, par suite du souvenir des déesses du paganisme, il ne fût mal compris. Ce qui fut établi surtout dans la période précédente, c'est le prin­cipal titre de Marie, « Mère de Dieu », défini au Concile d'Ephèse, et fondement de tous ses privilèges.

Tout porte donc à penser que le privilège de l'Assomp­tion a été révélé explicitement aux Apôtres ou au moins à l'un d'eux, et transmis ensuite par la Tradition orale de la liturgie, car autrement on ne s'expliquerait pas la fête universelle de l'Assomption, qui montre clairement depuis le VII° siècle que cette vérité est enseignée par le magistère ordinaire de l'Eglise.


2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé


Ces raisons théologiques, ainsi que les textes scriptu­raires qui les fondent, peuvent être considérées de deux manières : ou abstraitement, et de ce point de vue plu­sieurs ne sont que des raisons de convenance, non dé­monstratives, ou concrètement, comme visant des faits concrets, dont la complexité et la richesse est conservée par la Tradition; il faut remarquer aussi qu'une raison de convenance peut elle-même être prise de façon pure­ment théorique, ou au contraire comme étant elle-même au moins implicitement révélée et comme ayant motivé de fait le choix divin.

Nous soulignerons ici surtout deux raisons théologiques qui, à les prendre comme expression de la Tradition, montrent que le privilège de l'Assomption est implicite­ment révélé.

L'éminente dignité de Mère de Dieu est bien la raison radicale de tous les privilèges de Marie, mais n'est pas la raison prochaine de celui de l'Assomption; aussi il ne paraît y avoir là qu'un argument de convenance non dé­monstratif.

Il n'en est pas de même des deux raisons suivantes :

1° Marie a reçu la plénitude de grâce et a été excep­tionnellement bénie par Dieu entre toutes les femmes (Luc, I, 28, 42). Or cette exceptionnelle bénédiction exclut la malédiction divine qui contient : « tu enfanteras dans la douleur » et « tu retourneras en poussière » (Genèse, III, 16-19).

Donc Marie, par la bénédiction exceptionnelle qu'elle a reçue, doit être préservée de la corruption cada­vérique, son corps ne doit pas retourner en poussière, mais il doit ressusciter par une résurrection anticipée.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 18 Juil 2020 - 9:33

CHAPITRE IV

Article II L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE

2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé


Ici encore la majeure et la mineure de l'argument sont révélées, et l'argument lui-même est plus explicatif qu'il­latif : il y est question d'un tout, la victoire parfaite du Christ sur le démon, qui comprend comme parties celle sur le péché et celle sur la mort.

La majeure est révélée, comme le dit le Postulatum des Pères du Concile du Vatican, en plusieurs passages des Epitres de saint Paul (Rom., V, 8-11; I Cor., XV, 24-26, 54-­57; Hébr., II, 14-15; Rom., V, 12-17; VI, 23). Le Christ est « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » (Jean, I, 29). Il a dit : « J'ai vaincu le monde » (XVI, 33).

Peu avant la Passion, il dit encore (Jean, XII, 31) : « C'est maintenant le jugement de ce monde; c'est maintenant que le Prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout les hom­mes à moi. »

Le sacrifice de la croix, par l'amour, l'ac­ceptation des dernières humiliations et de la mort très douloureuse, est la victoire sur le démon et sur le péché : or la mort est la suite du péché; celui qui est vainqueur du démon et du péché sur la croix doit donc être vain­queur de la mort par sa glorieuse résurrection.

La mineure est aussi révélée : Marie, Mère de Dieu, a été associée aussi intimement que possible au Calvaire à la parfaite victoire du Christ sur le démon. C'est mysté­rieusement annoncé dans la Genèse (III, 15), dans les paroles divines adressées au démon : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne, et celle-ci te meurtrira à la tête. »

Ce texte ne suffirait pas, mais Marie à l'Annonciation a dit : « Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum » en consentant à être la Mère du Rédempteur, et elle n'a pu être sa digne Mère sans une parfaite conformité de volonté à celle de son Fils, qui devait s'offrir pour nous.

De plus, le vieillard Siméon lui annonce toutes ses souf­frances (Luc, III, 35) : « Vous-même, un glaive transper­cera votre âme. » Enfin, il est dit en saint Jean, XIX, 25 « Près de la croix de Jésus se tenaient sa Mère et la sœur de sa Mère... » Elle participait à ses souffrances, dans la mesure de son amour pour lui; si bien qu'elle est appelée corédemptrice.

Il y a une relation très intime et profonde entre la compassion et la maternité; car la compassion la plus profonde est celle d'un cœur de mère, et Marie ne serait pas la digne Mère du Rédempteur sans une parfaite con­formité de volonté à son oblation rédemptrice.

Si donc Marie a été associée très intimement à la par­faite victoire du Christ sur le démon, elle a été associée aussi aux parties de ce triomphe, c'est-à-dire à sa victoire sur le péché et à celle sur la mort, suite du péché.

On peut objecter : il suffirait qu'elle y fût associée par la résurrection finale, comme les autres élus.

A cela il faut répondre que Marie a été associée plus que personne à la parfaite victoire du Christ sur le démon, et que cette victoire n'est parfaite que par l'exemption de la corruption du tombeau, ce qui demande la résurrection anticipée et l'élévation au ciel.

Il ne suffi­sait pas de la résurrection finale, pour que Marie, comme son Fils, fût exempte de la corruption cadavérique, c'est pourquoi il est dit d'elle dans l'oraison de la fête de l'As­somption : « Mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quae Filium tuum Dominum nostrum de se genuit incarnatum. »

Elle n'a pu être retenue par les liens de la mort, ce qui ne peut se dire d'aucun autre saint; même lorsque leur corps est par miracle préservé de la corruption, il est toujours retenu par les liens de la mort.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 18 Juil 2020 - 22:41

CHAPITRE IV

Article II L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE

2° Par les raisons théologiques traditionnellement alléguées, ce privilège apparaît implicitement révélé


Ces deux grandes raisons théologiques, l'une prise de la plénitude de grâce unie à la bénédiction exception­nelle, l'autre prise de l'association de Marie à la victoire parfaite du Christ, montrent que l'Assomption est impli­citement révélée et définissable comme dogme de foi.

Les autres raisons théologiques qui ont été invoquées confirment les précédentes au moins comme des raisons de convenances. L'amour spécial de Jésus pour sa sainte Mère le portait à vouloir pour elle ce privilège. L'excel­lence de la virginité de Marie paraît demander que son corps, exempt de tout péché, ne soit pas retenu par les liens de la mort, suite du péché. L'Immaculée Conception le demande aussi, puisque la mort est une suite du péché originel, dont elle fut préservée. Il faut ajouter qu'on ne conserve aucune relique de la Sainte Vierge, ce qui est un signe probable de son élévation au ciel, corps et âme.

L'Assomption, étant ainsi au moins implicitement rêvé­lée, est définissable comme dogme de foi.

L'opportunité de cette définition, comme le dit Dom Paul Renaudin, est manifeste. Au point de vue de la doctrine, l'Assomption de Marie est avec l'Ascension du Sauveur le couronnement de la foi en l'œuvre de la Rédemption objectivement achevée, et un nouveau gage de l'espérance chrétienne. - Pour les fidèles, une défi­nition solennelle leur permettrait d'adhérer non plus seu­lement à l'infaillibilité du magistère ordinaire de l'E­glise qui a institué cette fête universelle, mais d'adhérer immédiatement à cette vérité, propter auctoritatem Dei revelantis, à cause de l'autorité de Dieu révélant, contre toutes les erreurs relatives à la vie future, qu'elles vien­nent du matérialisme, du rationalisme ou du protestan­tisme libéral, qui minimise en tout notre foi, au lieu de reconnaître que les dons surnaturels de Dieu dépassent toutes nos conceptions.

Enfin cette définition solen­nelle serait, pour les hérétiques et les schismatiques, plus un secours qu'un obstacle, car elle permettrait de mieux connaître la puissance et la bonté de Marie qui nous aide dans la voie du salut, et les égarés ne peuvent connaître cette puissance et cette bonté que si elles sont affirmées par l'Eglise, car la foi vient de la prédication entendue, fides ex auditu. Le juste doit enfin vivre de plus en plus de sa foi; la définition solennelle et infaillible d'un point de doctrine est un aliment spirituel donné à son âme sous une forme plus parfaite, qui le rapproche de Dieu, en faisant grandir son espérance, sa charité et, par suite, toutes les autres vertus.

On ne saurait donc douter de l'opportunité de cette définition.

Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL

Pour se faire une juste idée de cette plénitude en son épanouissement dernier, il faut considérer ce qu'est en Marie la béatitude éternelle : la vision béatifique, l'a­mour de Dieu et la joie qui en résultent, puis son éléva­tion au-dessus des chœurs des anges, sa participation à la royauté du Christ et les conséquences qui en dérivent.

La béatitude essentielle de Marie

La béatitude essentielle de la Mère de Dieu dépasse par son intensité et son extension celle concédée à tous les autres bienheureux. C'est là une doctrine certaine. La raison en est que la béatitude céleste ou la gloire essentielle est proportionnée au degré de grâce et de cha­rité qui précède l'entrée au ciel. Or déjà la plénitude initiale de grâce en Marie dépassait certainement la grâce finale des plus grands saints et des anges les plus élevés; il est même très probable, sinon certain, nous l'avons vu, qu'elle dépassait la grâce finale de tous les saints et anges réunis. Cette plénitude initiale lui avait été en effet accor­dée pour qu'elle fût la digne Mère de Dieu, et la mater­nité divine est par son terme, on ne saurait trop le redire, d'ordre hypostatique. Il s'ensuit donc que la béatitude essentielle de Marie dépasse celle de tous les saints pris ensemble.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 19 Juil 2020 - 22:31

CHAPITRE IV

Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL

La béatitude essentielle de Marie


En d'autres termes, comme la vue de l'aigle dépasse celle de tous les hommes qui seraient placés au même point que lui, comme la valeur intellectuelle d'un saint Thomas l'emporte sur celle de tous ses commentateurs réunis, ou l'autorité d'un roi sur celle de tous ses minis­tres ensemble, la vision béatifique en Marie pénètre plus profondément l'essence de Dieu vu face à face que la vision de tous les autres bienheureux, exception faite de la sainte âme de Jésus.

Bien que les intelligences angéliques soient naturelle­ment plus fortes que l'intelligence humaine de Marie, et même que celle du Christ, l'intelligence humaine de la Sainte Vierge pénètre plus profondément l'essence divine intuitivement connue, car elle est élevée et fortifiée par une lumière de gloire beaucoup plus intense.

L'objet ici étant essentiellement surnaturel, il ne sert de rien, pour le mieux atteindre et pénétrer, d'avoir une faculté intel­lectuelle naturellement plus forte. De même déjà une humble chrétienne illettrée, comme sainte Geneviève ou sainte Jeanne d'Arc, peut avoir une plus grande foi infuse et une plus grande charité qu'un théologien doué d'une intelligence naturelle supérieure et très instruit.

Il suit de là que Marie au ciel, pénétrant davantage l'essence de Dieu, sa sagesse, son amour, sa puissance, en voit mieux le rayonnement au point de vue de l'extension, dans l'ordre des réalités possibles et dans celui des réa­lités existantes.

En outre, comme les bienheureux voient en Dieu d'au­tant plus de choses que leur mission est plus étendue, si par exemple saint Thomas d'Aquin voit mieux que ses meilleurs interprètes ce qui concerne l'influence et l'a­venir de sa doctrine dans l'Eglise, Marie, en sa qualité de Mère de Dieu, de médiatrice universelle, de corédemp­trice, de reine des anges, de tous les saints et de tout l'univers, voit en Dieu, in Verbo, beaucoup plus de cho­ses que tous les autres bienheureux.

Il n'y a au-dessus d'elle dans la gloire que Notre-Sei­gneur, qui, par son intelligence humaine, éclairée d'une lumière de gloire plus élevée, pénètre l'essence divine à une profondeur plus grande encore, et connait ainsi cer­tains secrets qui échappent à Marie, car ils n'appartien­nent qu'à lui, comme Sauveur, souverain Prêtre et Roi universel.
Marié vient aussitôt après lui.

C'est pourquoi la liturgie affirme, en la fête du 15 août, qu'elle a été élevée au-dessus des chœurs des anges : « Elevata est super choros angelorum, ad caelestia re­gna »; qu'elle est à la droite de son Fils : « Adstitit regina a dextris suis » (Ps. XCIV, 10). Elle constitue même, dans la hiérarchie des bienheureux, un ordre à part, plus élevé au-dessus des séraphins, dit Albert le Grand, que ceux-ci ne le sont au-dessus des chéru­bins, car la Reine est plus élevée au-dessus des premiers serviteurs que ceux-ci ne le sont à l'égard des autres.

Elle participe plus que personne, comme Mère de Dieu, à la gloire de son Fils. Et comme au ciel la divinité de Jésus est absolument évidente, il est alors extrêmement manifeste que Marie appartient comme Mère du Verbe fait chair à l'ordre hypostatique, qu'elle a une affinité spéciale avec, les Personnes divines, et qu'elle participe aussi plus que quiconque à la royauté universelle de son Fils sur toutes les créatures.

C'est ce que disent bien des oraisons liturgiques : « Ave Regina coelorum,.. Regina coeli... Salve Regina... » ; et dans les litanies : « Regina angelorum... omnium sanc­torum... Mater misericordiae, etc. »

C'est aussi ce qu'a affirmé Pie IX dans la bulle Ineffa­bilis Deus, en un passage déjà cité.

Cette doctrine se trouve explicitement chez saint Ger­main de Constantinople, saint Modeste, saint Jean Damascène, saint Anselme, saint Bernard, Albert le Grand, saint Bonaventure, saint Thomas. et chez tous les docteurs.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 20 Juil 2020 - 22:24

CHAPITRE IV

Article III - LA PLÉNITUDE FINALE DE GRACE AU CIEL

La béatitude accidentelle de Marie


A sa béatitude accidentelle contribuent enfin une con­naissance plus intime de l'humanité glorieuse du Christ, l'exercice de sa médiation universelle, de sa maternelle miséricorde, le culte d'hyperdulie qu'elle reçoit comme Mère de Dieu.

On lui attribue aussi de façon éminente la triple auréole des martyrs, des confesseurs de la foi et des vierges, car elle a plus souffert que les martyrs pen­dant la Passion de son Fils, elle a d'une façon intime et privée instruit les apôtres eux-mêmes, et elle a conservé dans toute sa perfection la virginité de l'esprit et du corps.

En elle la gloire du corps, qui est le rejaillissement de celle de l'âme, lui est proportionnée en degré, comme clarté, agilité, subtilité et impassibilité.

A tous ces titres, Marie est élevée au-dessus de tous les saints et de tous les anges, et l'on voit de mieux en mieux que la raison, la racine de tous ses privilèges est son éminente dignité de Mère de Dieu.

DEUXIÈME PARTIE

Marie, Mère de tous les hommes.

Sa médiation universelle et notre vie intérieure


Après avoir considéré en la Sainte Vierge son plus grand titre de gloire, celui de Mère de Dieu, et la plénitude de grâce qui lui a été accordée, ainsi que tous ses privilèges, pour qu'elle fût la digne Mère de Dieu, il fàut la considérer par rapport à nous.

De ce point de vue, la Tradition attribue à Marie les titres de Mère du Rédempteur, de Mère de tous les hommes, de médiatrice à l'égard de tous ceux qui sont en voyage vers l'éternité, et de reine universelle à l'égard surtout des bienheureux.

La théologie a montré que ces titres correspondent à ceux du Christ rédempteur. Il a en effet accompli son œuvre rédemptrice comme tête de l'humanité à régénérer, comme médiateur premier qui a le pouvoir de sacrifier et de sanctifier par son sacerdoce, d'enseigner par son magistère, et comme roi universel, qui a le pouvoir de porter des lois pour tous les hommes, de juger les vivants et les morts et de gouverner toutes les créatures, y compris les anges.

Marie, en tant que Mère du Dieu-Rédempteur, lui est associée à ce triple point de vue. Elle est associée au Christ, tête de l'eglise, comme Mère spirituelle de tous les hommes, au Christ premier médiateur comme média­trice secondaire et subordonnée, au Christ-Roi comme reine de l'univers.

Telle est la triple mission de la Mère de Dieu par rapport à nous que nous devons considérer maintenant.

Nous parlerons donc d'abord de ses titres de Mère du Rédempteur comme tel et de Mère de tous les hommes; puis de sa médiation universelle sur terre d'abord et ensuite au ciel; finalement de sa royauté universelle.

Tous ces titres, mais surtout celui de Mère de Dieu, fon­dent le culte d'hyperdulie dont nous parlerons en dernier lieu.

En ces questions, comme dans les précédentes, nous ne cherchons pas les vues originales, particulières et capti­vantes de tel ou tel auteur; mais l'enseignement com­mun de l'Eglise, transmis par les Pères et expliqué par les théologiens.

C'est seulement sur ce fondement certain qu'on peut bâtir; on ne commence pas une cathédrale par ses tours ou par ses flèches, mais par ses premières assises.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 21 Juil 2020 - 22:00

DEUXIÈME PARTIE

Marie, Mère de tous les hommes.

Sa médiation universelle et notre vie intérieure


Lu superficiellement, cet exposé peut dès lors paraître banal ou très élémentaire; mais c'est le cas de rappeler que les vérités philosophiques les plus élémentaires comme les principes de causalité et de finalité, et aussi les véri­tés religieuses les plus élémentaires, comme celles expri­mées par le Pater, apparaissent, lorsqu'on les scrute et lorsqu'on les met en pratique, comme les plus profondes et les plus vitales. Ici comme partout, nous devons aller du plus certain et du plus connu au moins connu, du facile au difficile; autrement, si l'on voulait aborder trop vite les choses difficiles sous une forme dramatique et captivante par ses antinomies, on finirait peut-être, comme il est arrivé ici à bien des protestants, par nier les plus faciles et les plus certaines.

L'histoire de la théo­logie comme celle de la philosophie montre qu'il en a été souvent ainsi. Il faut remarquer aussi que si, dans les choses humaines, où le vrai et le faux, le bien et le mal sont mêlés, la simplicité reste superficielle et expose à l'erreur, dans les choses divines, au contraire, où il n'y a que du vrai et du bien, la simplicité s'unit parfaite­ment à la profondeur et à une grande élévation, et même elle seule peut conduire à cette élévation.

CHAPITRE PREMIER

La Mère du Rédempteur et de tous les hommes


Ces deux titres sont évidemment, intimement connexes, le second dérive du premier. .II importe de les considérer l'un après l'autre.

Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE

L'Eglise appelle Marie non seulement Mère de Dieu, mais aussi Mère du Sauveur. Dans les litanies de Lorette, par exemple, après les invocations Sancta Dei Genitrix et Mater Creatoris, on lit Mater Salvatoris, ora pro nobis.

Il n'y a pas là, comme quelques-uns ont pu le pen­ser, nous le verrons mieux plus loin, une dualité qui diminuerait l'unité de la Mariologie dominée par deux principes distincts : « Mère de Dieu » et « Mère du Sau­veur, associée à son œuvre rédemptrice ».

L'unité de la Mariologie est maintenue, parce que Marie est « Mère de Dieu Rédempteur ou Sauveur ». De même les deux mystères de l'Incarnation et de la Rédemption ne constituent pas une dualité qui diminuerait l'unité du traité du Christ ou de la christologie, car il s'agit de « l'Incarna­tion rédemptrice »; le motif de l'Incarnation est suffisam­ment indiqué dans le Credo où il est dit du Fils de Dieu qu'il est descendu du ciel pour notre salut : « Qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de cœlis » (Symbole de Nicée-Constantinople).

Voyons comment Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement, et ensuite comment, en cette qua­lité de Mère du Sauveur, elle doit être associée à son œuvre rédemptrice.­

Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement

Au jour de l'Annonciation la Sainte Vierge a donné son consentement à l'Incarnation rédemptrice, lorsque l'archange Gabriel (Luc, I, 31) lui dit : « Voici que vous concevrez en votre sein et que vous enfanterez un fils et vous lui donnerez le nom de Jésus », qui veut dire sau­veur.

Marie n'ignorait certes pas les prophéties messianiques, notamment celles d'Isaïe, qui annonçaient nettement les souffrances rédemptrices du Sauveur promis. En disant son fiat, le jour de l'Annonciation, elle a généreusement accepté d'avance toutes les douleurs qu'entraîneraient pour son Fils et pour elle l'œuvre de la rédemption.

Source : Livres-mystiques.com

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