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La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou

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Message par ami de la Miséricorde Mer 22 Juil 2020 - 22:24

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE

Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement


Elle les a connues plus explicitement quelques jours plus tard, lorsque le saint vieillard Siméon a dit (Luc, II, 30) : « Maintenant, ô Maître, vous laissez partir votre serviteur en paix selon votre parole, puisque mes yeux ont vu votre salut, que vous avez préparé à la face de tous les peuples. »

Elle a saisi plus profondément encore quelle part elle devait avoir aux souffrances rédemptrices, lorsque le saint vieillard ajouta pour elle : « Cet Enfant est au monde pour la chute et la résurrection d'un grand nombre en Israël et pour être un signe en butte à la con­tradiction; - vous-même, un glaive transpercera votre âme. » Il est dit un peu plus loin en saint Luc (II, 51) que « Marie conservait toutes ces choses en son cœur »; le plan divin s'éclairait de mieux en mieux pour sa foi contemplative, qui devenait par les illuminations du don d'intelligence de plus en plus pénétrante.

Marie est donc devenue volontairement la Mère du Ré­dempteur comme tel; et de mieux en mieux elle saisit que le Fils de Dieu s'était fait homme pour notre salut comme le dira le Credo. Dès lors, elle s'unit à lui, comme seule une Mère et une Mère très sainte le peut, dans une parfaite conformité de volonté et d'amour pour Dieu et pour les âmes. C'est la forme spéciale que prend pour elle le précepte suprême : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Dent., VI, 5; Luc, X, 27). Rien de plus simple, de plus profond et de plus grand.

La Tradition l'a bien compris, puisqu'elle n'a cessé de dire : comme Eve a été unie au premier homme dans l'œu­vre de perdition, Marie doit être unie au Rédempteur dans l'œuvre de réparation.

Mère du Sauveur, elle saisit de plus en plus comment il doit accomplir son œuvre rédemptrice. Il lui suffit de se rappeler les prophéties messianiques bien connues de tous. Isaie (LIII, 1-12) a annoncé les humiliations et les souffrances du Messie, il a dit qu'il les endurerait pour expier nos fautes, lui qui serait l'innocence même, et que, par sa mort généreusement offerte, il acquerrait des multitudes.

David dans le psaume XXII (XXI) : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous, abandonné ? » a décrit la prière suprême du Juste par excellence, son cri d'an­goisse dans l'accablement, et en même temps sa con­fiance en Yahweh, son appel suprême, son apostolat et ses effets en Israël et parmi les nations. Marie connaît évidemment ce psaume et l'a médité en son cœur.

Daniel (VII, 13-14) a décrit aussi le règne du Fils de l'homme, le pouvoir qui lui sera donné : « Il lui fut donné domination et gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Sa domination est une domina­tion éternelle, qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. »

Toute la Tradition a vu dans ce Fils de l'homme, comme dans l'homme de douleur d'Isaïe, le Messie pro­mis comme Rédempteur.

Marie, qui n'ignorait pas ces promesses, est donc deve­nue par son consentement au jour de l'Annonciation, Mère du Rédempteur comme tel. De ce consentement : fiat mihi secundum verbum tuum, dépend tout ce qui suit dans la vie de la Sainte Vierge, comme toute la vie de Jésus dépend du consentement qu'il a donné « en entrant en ce monde » lorsqu'il a dit : « Vous n'avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m'avez formé un corps... Me voici, je viens, ô Dieu, pour faire votre vo­lonté » (Hébr., X, 6, 7).

Aussi les Pères ont-ils dit que notre salut dépendait du consentement de Marie, qui a conçu son Fils par l'esprit, avant de le concevoir corporellement. Quelques-uns pourraient objecter qu'un décret divin, comme celui de l'Incarnation, ne peut pas dépendre du libre consentement d'une créature, qui pourrait ne pas le donner.

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 23 Juil 2020 - 22:44

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE

Marie est devenue Mère du Sauveur par son consentement


La théologie répond : selon le dogme de la Providence, Dieu a efficacement voulu et infailliblement prévu tout le bien qui arrivera de fait dans la suite des temps. Il a donc efficacement voulu et infailliblement prévu le consente­ment de Marie, condition de la réalisation du mystère de l'Incarnation.

De toute éternité Dieu qui opère tout « avec force et suavité », a décidé d'accorder à Marie une grâce efficace qui lui fera donner ce consentement libre, salu­taire et méritoire.

Comme il fait fleurir les arbres, Dieu fait fleurir aussi notre libre volonté en lui faisant produire ses actes bons; loin de la violenter en cela, il l'actualise et produit en elle et avec elle le mode libre de nos actes, qui est encore de l'être.

C'est le secret du Dieu tout-puissant. Comme par l'opération du Saint-Esprit Marie a conçu le Sauveur sans perdre la virginité, de même par la motion de la grâce efficace elle a dit infailliblement son fiat sans que sa liberté soit en rien lésée, diminuée; bien au contraire, par ce contact virginal de la motion divine et de la liberté de Marie, celle-ci fleurit très spontanément en ce libre consentement donné au nom dé l'humanité.

Ce fiat était tout entier de Dieu comme de la cause première et tout entier de Marie comme de la cause se­conde.

Ainsi une fleur ou un fruit sont tout entiers de Dieu, comme de l'auteur de la nature, et tout entiers de l'arbre qui les porte, comme de la cause seconde.
En ce consentement de Marie, nous voyons un parfait exemple de ce que dit saint Thomas (Ia, q. 19, a. Cool : « Comme la volonté de Dieu est souverainement efficace, il suit non seulement que ce que Dieu veut (efficacement) se réalise, mais que cela se réalise comme il le veut, et il veut que certaines choses arrivent nécessairement et que d'autres arrivent librement. » - (Ibid., ad 2) : « De ce que rien ne résiste à la volonté efficace de Dieu, il suit que non seulement ce qu'il veut se réalise, mais que cela se réalise soit nécessairement, soit librement, comme il le veut. »

Marie par son fiat le jour de l'Annonciation est donc volontairement devenue la Mère du Rédempteur comme tel.

Toute la Tradition le reconnaît en l'appelant la Nou­velle Eve. Elle ne peut l'être effectivement que si, par son consentement, elle est devenue Mère du Sauveur pour l'œuvre rédemptrice, comme Eve, en consentant à la ten­tation, porta le premier homme au péché qui lui fit per­dre et pour lui et pour nous la justice originelle.

Des protestants ont objecté : les ascendants de la Sainte Vierge peuvent à ce compte être appelés père ou mère du Rédempteur et être dits « associés à son œuvre ré­demptrice ».

Il est facile de répondre que seule Marie a été éclairée pour consentir à devenir Mère du Sauveur et associée à son œuvre de salut; car ses ascendants ne savaient pas que le Messie naîtrait de leur propre famille.

Sainte Anne ne pouvait prévoir que son enfant devien­drait un jour la Mère du Sauveur promis.

Comment la Mère du Rédempteur doit-elle être associée à son œuvre ?

D'après ce que les Pères de l'Eglise nous ont transmis sur Marie, nouvelle Eve, que beaucoup d'entre eux ont vue annoncée dans les paroles divines de la Genèse (III, 15) : « La postérité de la femme écrasera la tête du ser­pent », c'est une doctrine commune et certaine dans l'E­glise et même proche de la foi que la Sainte Vierge, Mère du Rédempteur, lui est associée dans l'œuvre rédemp­trice comme cause secondaire et subordonnée, ainsi qu'Eve fut associée à Adam dans l'œuvre déperdition[247].

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 25 Juil 2020 - 7:34

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE

Comment la Mère du Rédempteur doit-elle être associée à son œuvre ?


Déjà, en effet, au II° siècle cette doctrine de Marie, nou­velle Eve, est universellement reçue, et les Pères qui l'ex­posent ne la donnent pas comme une spéculation person­nelle, mais comme la doctrine traditionnelle de l'Eglise qui s'appuie sur les paroles de saint Paul, où le Christ est appelé nouvel Adam, et opposé au premier, comme la cause du salut à celle de la chute (I Cor., XV, 45 sq.; Rom., V, 12 sq.; I Cor., XV, 20-23).

Les Pères rapprochent de ces paroles de saint Paul le récit de la chute, la promesse de la rédemption, de la victoire sur le démon (Genèse, III, 15) et le récit de l'Annonciation (Luc, I, 26-38), où il est parlé du consentement de Marie à la réalisation du mystère de l'Incarnation rédemptrice. On peut donc et même on doit voir dans cette doctrine de Marie, nouvelle Eve, associée. à l'œuvre rédemptrice de son Fils une tradition divino­apostolique.

Les Pères qui l'exposent plus explicitement sont saint Justin, saint Irénée, Tertullien saint Cyprien, Origène, saint Cyrille de Jérusalem, saint Ephrem, saint Epiphane, saint Jean Chysostome, saint Proclus, saint Jérôme, saint Ambroise, saint Augustin, Basile de Sél,
saint Germain de Constantinople, saint Jean Damas­cène[264], saint Anselme, saint Bernard. Ensuite tous les docteurs du moyen âge et les théologiens moder­nes parlent de même.

En quel sens selon la Tradition, Marie, nouvelle Eve, a-t-elle été associée sur terre à l'œuvre rédemptrice de son Fils ?

Ce n'est pas seulement pour l'avoir physiquement conçu, enfanté et nourri, mais moralement par ses actes libres, salutaires et méritoires.

Comme Eve a moralement coopéré à la chute en cédant à la tentation du démon, par un acte de désobéissance et en portant Adam au péché, par opposition Marie, nouvelle Eve, selon le plan divin, a moralement coopéré à notre rédemption, en croyant aux paroles de l'archange Gabriel, en consentant librement au mystère de l'Incarnation rédemptrice et à tout ce qu'il entraînerait de souffrances pour son Fils et pour elle.

Marie n'est certes pas la cause principale et perfective de la rédemption; elle ne pouvait nous racheter de condigno, en justice, car il fallait pour cela un acte théandri­que de valeur intrinsèquement infinie, qui ne pouvait appartenir qu'à une personne divine incarnée. Mais Marie est réellement cause secondaire, subordonnée au Christ et dispositive de notre rédemption

Elle est même dite « subordonnée au Christ », non seulement en ce sens qu'elle lui est inférieure, mais parce qu'elle concourt à notre salut par une grâce qui provient des mérites du Christ, et donc elle agit en lui, avec lui et par lui, in ipso, cum ipso et per ipsum. Il ne faut en effet jamais perdre de vue que le Christ est le médiateur universel su­prême, que Marie a été rachetée par ses mérites selon une rédemption, non pas libératrice, mais préservatrice, puisqu'elle a été par les mérites futurs du Sauveur de tous les hommes, préservée du péché originel et ensuite de toute faute. De même elle ne concourt à notre rédemp­tion que par lui, c'est en ce sens qu'elle en est, cause se­condaire, subordonnée, et non pas perfective, mais dis­positive, car elle nous dispose à recevoir l'influence de son Fils qui, étant l'auteur de notre salut, doit achever en nous la rédemption.

Marie est donc associée à l'œuvre de son Fils, non pas comme l'ont été les Apôtres, mais en sa qualité de Mère du Rédempteur comme tel, après avoir donné son consentement au mystère de l'Incarnation rédemptrice et à tout ce qu'il comporterait de souffrances; elle lui est dès lors associée de la manière la plus intime, comme seule une Mère sainte peut l'être en, la profondeur de son cœur et de son âme surnaturalisée par la plénitude de grâce. C'est ce qu'affirme en termes très exacts saint Albert le Grand dans une formule que nous avons déjà citée : « Beata Virgo Maria non est assumpta in ministerium a Domino, sed in consortium et in adjutorium, secundum illud : Faciamus ei adjutorium simile. sibi » (Mariale, q.42).

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 1 Aoû 2020 - 0:49

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article I LA MÈRE DU SAUVEUR ASSOCIÉE A SON ŒUVRE RÉDEMPTRICE

Comment la Mère du Rédempteur doit-elle être associée à son œuvre ?


On voit ainsi que l'unité de la Mariologie n'est pas di­minuée comme si elle était dominée par deux principes (Mère de Dieu et Corédemptrice) et non par un seul.

Le principe qui la domine est celui-ci : Marie est Mère du Dieu Rédempteur et par là même associée à son œuvre. De même les deux mystères de l'Incarnation et de la Ré­demption ne constituent pas une dualité qui diminuerait l'unité de la Christologie, car ils s'unissent dans l'Incar­nation rédemptrice; leur union est exprimée dans le Credo lui-même en ces termes : « Filius Dei qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de caelis, et incarnatus est » (Symbole de Nicée-Constantinople).

De plus comme en Jésus-Christ la Filiation divine na­turelle ou la grâce d'union hypostatique est supérieure à la plénitude de grâce habituelle et à notre rédemption, de même en Marie la maternité divine reste supérieure à la plénitude de gràce qui déborde sur nous, comme il a été montré au chapitre premier de cet ouvrage.

L'unité du savoir théologique contribue à sa certitude, ce savoir ne peut être dominé par des premiers principes coordonnés, mais par des principes subordonnés. II en est ainsi de cha­cun de ses traités, qui se subordonnent eux-mêmes dans l'ensemble à une vérité suprême.


Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES

Marie a reçu, selon la Tradition, non seulement le titre de nouvelle Eve, mais celui de Mère de la divine grâce, Mère, aimable, Mère admirable, comme le disent ses lita­nies, et encore Mère de Miséricorde; les Pères ont dit souvent Mère de tous les chrétiens et même de tous les hommes. En quel sens faut-il entendre cette maternité ?

Quand Marie est-elle devenue notre Mère ? Comment sa maternité s'étend-t-elle à tous les fidèles, même s'ils ne sont pas en état de grâce, et comment à tous les hommes, même s'ils n'ont pas la foi ? Ce sont les questions qu'il convient ici d'examiner.

En quel sens Marie est-elle notre Mère ?

Elle ne l'est évidemment pas au point de vue naturel, puisqu'elle ne nous a pas donné la vie naturelle. A ce point de vue, c'est Eve qui mérite d'être appelée mère de tous les hommes, qui descendent d'elle par les générations successives.

Mais Marie est notre Mère spirituelle et adoptive, en ce sens que, par son union au Christ rédempteur, elle nous a communiqué la vie surnaturelle de la grâce.

De ce point de vue, elle est beaucoup plus que notre sœur, et l'on doit dire, par analogie avec la vie naturelle, qu'elle nous a enfantés à la vie divine.

Si saint Paul peut dire aux Corinthiens en parlant de sa paternité spirituelle : « C'est moi qui vous ai engen­drés en Jésus-Christ par l'Évangile » (I Cor., IV, 15), et à Philémon : « Je te supplie pour mon fils, que j'ai engen­dré dans les fers, pour Onésime »[268], à plus forte raison pouvons-nous parler de la maternité spirituelle de Marie, maternité qui transmet une vie qui doit durer non pas soixante ou quatre-vingts ans, mais toujours, éternelle­ment.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 2 Aoû 2020 - 8:02

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES

En quel sens Marie est-elle notre Mère ?


En ce sens, il est dit dans, le Prologue de saint Jean (I, 12), que ceux qui croient au Fils de Dieu fait homme sont « nés non pas de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu ». Cela nous montre la fécondité de la paternité spirituelle; à cette fécondité participe la mater­nité spirituelle et adoptive de Marie, car en union ayec le Christ rédempteur elle nous a vraiment, réellement com­muniqué la vie de la gràce, germe de la vie éternelle. Elle peut donc et doit être appelée Mater gratiae, Mater mise­ricordiae. C'est ce qu'ont voulu dire les Pères qui l'appel­lent la nouvelle Eve, et disent qu'elle a volontairement coopéré à notre salut, comme Eve à notre déchéance.

Cet enseignement est celui de la prédication univer­selle depuis le II° siècle, il se trouve chez saint Justin, saint Irénée, Tertullien, saint Cyrille de Jérusalem, saint Epiphane, saint Jean Chrysostome, saint Pruclus, saint Jérôme, saint Ambroise, saint Augustin, là où ils ont parlé de la nouvelle Eve dans les textes cités à l'article précédent. Cette doctrine est particulièrement développée au IV° siècle par saint Ephrem, qui appelle, Marie la « Mère de la vie et du salut, la Mère des vivants, et de tous les hommes », parce qu'elle nous a donné le Sauveur et s'est unie à lui au Calvaire. Parlent de même saint Germain de Constantinople, saint Pierre Chysolo­gue, Eadmer, saint Bernar, Richard de Saint-­Laurent, saint Albert le Grand, qui appellent Marie : Mater misericordiae, Mater regenerationis, totius humani generis mater spiritualis; de même saint Bonaven­ture.

La liturgie dit tous les jours : « Salve Regina, Mater misericordiae...; Monstra te esse Matrem...; Salve Mater misericordiae, Mater Dei et Mater veniae, Mater spei et Mater gratiae. »

Quand Marie est-elle devenue notre Mère ?

Selon les témoignages que nous venons de citer, elle l'est devenue en consentant librement à être la Mère du Sauveur, auteur de la grâce, qui nous a régénérés spirituellement. A ce moment elle nous a spirituellement con­çus, si bien qu'elle aurait été notre Mère adoptive de ce fait, même si elle était morte avant son Fils.

Lorsque ensuite Jésus a consommé son œuvre rédemp­trice par le sacrifice de la croix, Marie, en s'unissant à ce sacrifice, par le plus grand acte de foi, de confiance et d'amour de Dieu et des âmes, est devenue plus parfaite­ment notre Mère, par une coopération plus directe, plus intime et plus profonde à notre salut.

De plus c'est à ce moment qu'elle a été proclamée notre Mère par Notre-Seigneur, lorsqu'il lui dit en parlant de saint Jean qui personnifiait tous ceux qui devaient être rachetés par son sang : « Femme, voici votre fils », et à Jean : « Voici votre mère » (Joan., XIX, 26, 27). C'est ainsi que la Tradition a entendu ces paroles, car à ce moment devant tant de témoins le Sauveur de tous les hommes n'accordait pas seulement une grâce particulière à saint Jean, mais il considérait en lui tous ceux qui devaient être régénérés par le sacrifice de la croix.

Ces paroles de Jésus mourant, comme des paroles sacra­mentelles, produisirent ce qu'elles signifiaient : en l'âme de Marie une grande augmentation de charité ou d'amour maternel pour nous; en l'âme de Jean une affection filiale profonde, pleine de respect pour la Mère de Dieu. C'est l'origine de la grande dévotion à Marie.
Enfin la Sainte Vierge continue à exercer sa fonction de Mère à notre égard, en veillant sur nous pour que nous, grandissions dans la charité et y persévérions, en intercé­dant pour nous et en nous distribuant toutes les grâces que nous recevons.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 2 Aoû 2020 - 20:58

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES

Quelle est l'extension de sa maternité ?


Elle est d'abord Mère des fidèles, de tous ceux qui croient en son Fils et reçoivent par lui la vie de la grâce. Mais elle est aussi Mère de tous les hommes, en tant qu'elle nous a donné le Sauveur de tous et qu'elle s'est unie à l'oblation de son Fils qui versait son sang pour tous. C'est ce qu'affirment Léon XIII, Benoit XV et Pie XI.

De plus, elle n'est pas seulement Mère des hommes en général, comme on petit le dire d'Eve au point de vite naturel, mais elle est Mère de chacun d'eux en particulier, car elle intercède pour chacun, et obtient les grâces que chacun de nous reçoit au cours des générations humaines. Jésus dit de lui qu'il est le bon pasteur « qui appelle ses brebis chacune par son nom, nominatim » (Jean, X, 3); il y a quelque chose de semblable pour Marie, mère spiri­tuelle de chaque homme en particulier.

Cependant Marie n'est pas de la même manière Mère des fidèles et des infidèles, des justes et des pécheurs. Il faut faire ici la distinction admise au sujet du Christ par rap­port aux divers membres de son corps mystique. A l'égard des infidèles, elle est leur Mère en tant qu'elle est destinée à les engendrer à la vie de la grâce, et en tant qu'elle leur obtient des grâces actuelles qui les disposent à la foi et à la justification. A l'égard des fidèles qui sont en état de péché mortel, elle est leur Mère en tant qu'elle veille actuellement sur eux en leur obtenant les grâces nécessaires pour faire des actes de foi, d'espérance et se disposer à la conversion; à l'égard de ceux qui sont morts dans l'impénitence finale, elle n'est plus leur Mère, mais elle le fut.

A l'égard des justes elle est parfaitement leur Mère puisqu'ils ont reçu par sa coopération volontaire et très méritoire la grâce sanctifiante et la charité; avec une tendre sollicitude elle veille sur eux pour qu'ils restent en état de grâce et grandissent dans la charité. Enfin elle est excellemment Mère des bienheureux qui ne peuvent plus perdre la vie de la grâce.

On voit dès lors tout le sens des paroles que l'Eglise chante tous les jours à Complies : « Salve Regina, Mater misericordiae; vita, dulcedo et spes nostra salve. Ad te clamamus exsules filii Hevae. Ad te suspiramus gementes et flentes in hac lacrimarum valle... »

Le Bx Grignion de Montfort a admirablement exprimé les conséquences de cette doctrine dans son beau livre Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, ch. I, art. 1, 2° § : Dieu veut se servir de Marie dans la sanctification des âmes. Il se résume ainsi dans Le Secret de Marie (I° p., B. Pourquoi Marie nous est nécessaire) : « C'est elle qui a donné la vie à l'Auteur de toute grâce, et à cause de cela elle est appelée la Mère de la grâce. Dieu le Père, de qui tout don parfait et toute grâce descend comme de sa source essentielle, en lui donnant son Fils, lui a donné toutes ses grâces; en sorte que, comme dit saint Bernard, la volonté de Dieu lui est donnée en lui et avec lui.

« Dieu l'a choisie pour la trésorière, l'économe, la dis­pensatrice de toutes ses grâces, en sorte que toutes ses grâces et tous ses dons passent par ses mains... Puisque Marie a formé le Chef des prédestinés, qui est Jésus­-Christ, c'est à elle aussi de former les membres de ce Chef, qui sont les vrais chrétiens...

Elle a reçu de Dieu une domination particulière sur les âmes pour les nour­rir et les faire croitre en Dieu. Saint Augustin dit même que, dans ce monde, les prédestinés sont tous enfermés dans le sein de Marie et qu'ils ne viennent au jour que lorsque cette bonne Mère les enfante à la vie éternelle... C'est à elle que le Saint-Esprit dit : In electis meis mitte radices (Eccli., XXIV, 13). Jetez des racines en mes élus,... les racines d'une profonde humilité, d'une ardente cha­rité et de toutes les vertus.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 3 Aoû 2020 - 22:00

DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES
Quelle est l'extension de sa maternité ?


« Marie est appelée par saint Augustin, et est en effet le moule vivant de Dieu, forma Dei, c'est-à-dire que c'est en elle seule que Dieu fait homme a été formé... et c'est aussi en elle seule que l'homme peut être formé en Dieu...

Quiconque est jeté dans ce moule et se laisse manier, y reçoit tous les traits de Jésus-Christ, vrai Dieu, d'une ma­nière proportionnée à la faiblesse humaine, sans beaucoup d'agonie et de travaux; d'une manière sûre, sans crainte d'illusion, car le démon n'a point eu et n'aura jamais accès en Marie, sainte et immaculée, sans ombre de la moindre tache de péché.

« Qu'il y a de différence entre une âme formée en Jésus-­Christ par les voies ordinaires de ceux qui, comme les sculpteurs, se fient en leur savoir-faire et s'appuient sur leur industrie, et une âme bien maniable, bien déliée, bien fondue, et qui, sans aucun appui sur elle-même, se jette en Marie et s'y laisse manier à l'opération du Saint-­Esprit ! Qu'il y a de taches, qu'il y a de défauts, qu'il y a de ténèbres, qu'il y a d'illusions, qu'il y a de naturel, qu'il y a d'humain dans la première âme et que la seconde est pure, divine et semblable à Jésus-Christ...

« Heureuse et mille fois heureuse est l'âme, ici-bas, à qui le Saint-Esprit révèle le secret de Marie, pour le con­naître, et à qui il ouvre ce jardin clos, pour y entrer; cette fontaine scellée pour y puiser et y boire à longs traits les eaux vives de la grâce ! Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créa­ture ; mais Dieu en même temps infiniment saint et infi­niment condescendant et proportionné à sa faiblesse… C'est Dieu seul qui vit en elle, et tant s'en faut qu'elle arrête une âme à elle-même, au contraire elle la jette en Dieu et l'unit à lui. »
Ainsi la doctrine chrétienne sur Marie devient, avec le Bx de Montfort, l'objet d'une foi pénétrante et savoureuse, d'une contemplation qui porte elle-même à une vraie et forte charité.

Marie, cause exemplaire des élus

Le Christ est notre modèle, sa prédestination à la filia­tion divine naturelle est la cause exemplaire de notre prédestination à la filiation adoptrice, car « Dieu nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils pour que celui-ci soit le premier-né entre plusieurs frè­res » (Rom., VIII, 29).

De même Marie, notre Mère, asso­ciée à son Fils, est la cause exemplaire de la vie des élus, c'est en ce sens que saint Augustin et le Bx de Montfort après lui disent qu'elle est le moule ou le modèle à l'image duquel Dieu forme les élus. Il faut être marqué de son sceau et reproduire ses traits pour avoir place parmi les bien-aimés du Seigneur; c'est pourquoi les théologiens enseignent communément qu'une vraie dévotion à Marie est un des signes de prédestination.

Le Bx Hugues de Saint-Cher dit même que Marie est comme le livre de vie, ou le reflet de ce livre éternel; car Dieu a gravé en elle le nom des élus, comme il a voulu former en elle et par elle le Christ son premier élu.

Le Bx Grignion de Montfort écrit : « Dieu le Fils dit à sa Mère : In Israel hereditare... (Eccli., XXIV, Cool. Ayez Israël pour héritage. C'est comme s'il lui disait : Dieu mon Père m'a donné pour héritage toutes les nations de la terre, tous les hommes bons et mauvais, prédestinés et réprouvés; je conduirai les uns par la verge d'or et les autres par la verge de fer; je serai le père et l'avocat des uns, le juste vengeur à l'égard des autres, et le juge de tous; mais pour vous, ma chère Mère, vous n'aurez pour votre héritage et possession que les prédestinés, figurés par Israël, et, comme leur bonne mère, vous les enfante­rez, nourrirez, élèverez; et, comme leur souveraine, vous les conduirez, gouvernerez et défendrez. »

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 4 Aoû 2020 - 21:35

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES
Marie, cause exemplaire des élus


C'est en ce sens qu'il faut entendre ce que dit le même auteur un peu plus loin pour montrer que Marie, ainsi que Jésus, choisit toujours conformément au bon plaisir divin qui inspire leur choix : « Le Très-Haut l'a faite l'unique trésorière de ses trésors et l'unique dis­pensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enri­chir qui elle veut, pour faire entrer qui elle veut dans la voie étroite du ciel, pour faire passer malgré tout qui elle veut par la porte étroite de la vie, et pour donner le trône, le sceptre et la couronne de roi à qui elle veut...

C'est Marie seule à qui Dieu a donné les clefs des cel­liers du divin amour, et le pouvoir d'entrer dans les voies les plus sublimes et les plus secrètes de la perfection et d'y faire entrer les autres. »

Nous voyons en cela toute l'extension de la maternité spirituelle, par laquelle elle forme les élus et les conduit au terme de leur destinée.

Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont ses principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

CHAPITRE II
La médiation universelle de Marie pendant sa vie terrestre


Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont les principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL


L'Eglise a approuvé sous Benoît XV, le 21 janvier 1921, l'office et la messe propres de Marie médiatrice de toutes les grâces, et beaucoup de théologiens considèrent cette doctrine comme suffisamment contenue dans le dé­pôt de la Révélation pour être un jour solennellement pro­posée comme objet de foi par l'Eglise infaillible ; elle est enseignée de fait par le magistère ordinaire qui se mani­feste par la liturgie, les encycliques, les lettres des évê­ques, la prédication universelle et les ouvrages de théolo­giens approuvés par l'Eglise.

Voyons ce qu'il faut entendre par cette médiation, puis comment elle est affirmée par la Tradition et établie par la raison théologique.

Que faut-il entendre par cette médiation ?

Saint Thomas nous dit en parlant de la médiation du Sauveur (IIIa, q. 26, a. 1) : « A l'office de médiateur entre Dieu et les hommes, il appartient de les unir. »

C'est-à­-dire, comme il est expliqué au même endroit (a. 2), le mé­diateur doit offrir à Dieu les prières des hommes et sur­tout le sacrifice, acte principal de la vertu de religion, et il doit aussi distribuer aux hommes les dons de Dieu qui sanctifient, la lumière divine et la grâce.

Il y a ainsi une double médiation, l'une ascendante sous forme de prière et de sacrifice, l'autre descendante par la distribution des dons divins aux hommes.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 5 Aoû 2020 - 22:00

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES
Marie, cause exemplaire des élus


C'est en ce sens qu'il faut entendre ce que dit le même auteur un peu plus loin pour montrer que Marie, ainsi que Jésus, choisit toujours conformément au bon plaisir divin qui inspire leur choix : « Le Très-Haut l'a faite l'unique trésorière de ses trésors et l'unique dis­pensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enri­chir qui elle veut, pour faire entrer qui elle veut dans la voie étroite du ciel, pour faire passer malgré tout qui elle veut par la porte étroite de la vie, et pour donner le trône, le sceptre et la couronne de roi à qui elle veut...

C'est Marie seule à qui Dieu a donné les clefs des cel­liers du divin amour, et le pouvoir d'entrer dans les voies les plus sublimes et les plus secrètes de la perfection et d'y faire entrer les autres. »

Nous voyons en cela toute l'extension de la maternité spirituelle, par laquelle elle forme les élus et les conduit au terme de leur destinée.

Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont ses principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

CHAPITRE II
La médiation universelle de Marie pendant sa vie terrestre


Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont les principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL


L'Eglise a approuvé sous Benoît XV, le 21 janvier 1921, l'office et la messe propres de Marie médiatrice de toutes les grâces, et beaucoup de théologiens considèrent cette doctrine comme suffisamment contenue dans le dé­pôt de la Révélation pour être un jour solennellement pro­posée comme objet de foi par l'Eglise infaillible ; elle est enseignée de fait par le magistère ordinaire qui se mani­feste par la liturgie, les encycliques, les lettres des évê­ques, la prédication universelle et les ouvrages de théolo­giens approuvés par l'Eglise.

Voyons ce qu'il faut entendre par cette médiation, puis comment elle est affirmée par la Tradition et établie par la raison théologique.

Que faut-il entendre par cette médiation ?

Saint Thomas nous dit en parlant de la médiation du Sauveur (IIIa, q. 26, a. 1) : « A l'office de médiateur entre Dieu et les hommes, il appartient de les unir. »

C'est-à­-dire, comme il est expliqué au même endroit (a. 2), le mé­diateur doit offrir à Dieu les prières des hommes et sur­tout le sacrifice, acte principal de la vertu de religion, et il doit aussi distribuer aux hommes les dons de Dieu qui sanctifient, la lumière divine et la grâce.

Il y a ainsi une double médiation, l'une ascendante sous forme de prière et de sacrifice, l'autre descendante par la distribution des dons divins aux hommes.

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Message par ami de la Miséricorde Sam 8 Aoû 2020 - 9:51

DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Que faut-il entendre par cette médiation ?


On voit donc ce qu'il faut entendre par cette média­tion que la liturgie et le sens chrétien des fidèles attri­buent à Marie. Il s'agit d'une médiation à proprement par­ler subordonnée et non pas coordonnée à celle du Sauveur, de telle sorte qu'elle dépend entièrement des mérites du Christ rédempteur universel; il s'agit aussi d'une média­tion non nécessaire (car celle (le Jésus est déjà surabon­dante et n'a pas besoin de complément); mais elle a été voulue par la Providence, comme un rayonnement de celle du Sauveur, et le rayonnement de tous le plus excel­lent. L'Eglise la considère comme très utile et efficace pour nous obtenir de Dieu tout ce qui peut nous conduire directement ou indirectement à la perfection et au salut.

Enfin il s'agit d'une médiation perpétuelle, qui s'étend à tous les hommes et à toutes les grâces, sans en excepter aucune, comme on le verra par la suite.
C'est en ce sens précis que la médiation universelle est attribuée à Marie par la liturgie, en la fête de Marie mé­diatrice, et par les théologiens qui ont récemment publié de nombreux travaux sur ce point.

Le témoignage de la Tradition

Cette doctrine a été affirmée d'une façon générale et implicite dès les premiers siècles, en tant que Marie a été appelée dès le II° siècle la nouvelle Eve, la Mère des vi­vants, comme nous l'avons dit plus haut, d'autant qu'on lui a toujours reconnu ce titre, non seulement parce qu'elle a physiquement conçu et enfanté le Sauveur, mais aussi parce qu'elle a moralement coopéré à son œuvre rédemptrice, surtout en s'unissant très intimement au sacrifice de la croix.

A partir du IV° siècle et surtout du V°, les Pères affir­ment distinctement que Marie intercède pour nous; que tous les bienfaits et secours utiles au salut nous viennent par elle, par son intervention et sa protection spéciale. Depuis la même époque, on l'appelle médiatrice entre Dieu et les hommes ou entre le Christ et nous. Des études récentes portent une grande lumière sur ce point.

L'antithèse entre Eve, cause de mort, et Marie, cause de salut pour toute l'humanité, est reproduite par saint Cyrille de Jérusalem, saint Epiphane, saint Jé­rôme, saint Chrysostome. Il faut citer cette prière de saint Ephrem : « Ave Dei et hominum Mediatrix optima. Ave totius orbis conciliatrix efficacissima », et « post mediatorem mediatrix totius mundi ». Je vous salue, médiatrice du monde entier, réconciliatrice très bonne et très puissante, après le Médiateur suprême.

Chez saint Augustin, Marie est appelée mère de tous les membres de notre chef Jésus-Christ, et il est dit qu'elle « a coopéré par sa charité à la naissance spiri­tuelle des fidèles, qui sont les membres du Christ ». Saint Pierre Chrysologue dit que « Marie est la mère des vivants par la grâce, tandisque Eve est mère des mou­rants par nature », et l'on voit que pour lui Marie est associée au plan divin de notre rédemption.

Au VIII° siècle, saint Bède parle de même; saint André de Crète appelle Marie médiatrice de la grâce, dis­pensatrice et cause de la vie, saint Germain de Cons­tantinople dit que personne n'a été racheté sans la coopé­ration de la Mère de Dieu. Saint Jean Damascène donne aussi à Marie le titre de médiatrice et affirme que nous lui devons tous les biens qui nous sont conférés par Jésus-Christ.

Au XI° siècle saint Pierre Damien enseigne que dans l'œuvre de notre rédemption rien n'est accompli sans elle.
Au XII° siècle, saint Anselme, Eadmer, saint Bernard s'expriment de même. Ce dernier appelle Marie gratiae inventrix, mediatrix salutis, restauratrix saecu­lorum.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 8 Aoû 2020 - 21:58

DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Le témoignage de la Tradition


Depuis le milieu du XII° siècle et surtout depuis le XIV° fréquente est l'affirmation très explicite de la coopération de Marie à notre rédemption, consommée par son propre sacrifice consenti au moment de l'annoncia­tion et accompli sur le Calvaire.

C'est ce qu'on trouve chez Arnaud de Chartres, Richard de Saint-Victor, saint Albert le Grand, Richard de Saint-Laurent. C'est indiqué par saint Thomas, et. c'est affirmé ensuite de plus en plus nettement par saint Bernardin de Sienne, par saint Anto­ni, par Suarez, par Bossue, par saint Alphonse.

Au XVIII° siècle le Bx Grignion de Montfort est un de ceux qui a le plus répandu cette doctrine en en montrant toutes les conséquences pratiques. Depuis lors c'est un enseignement commun des théologiens ca­tholiques.

Pie X dit dans l'encyclique Ad diem illum du 2 février 1904 que Marie est la toute-puissante médiatrice et récon­ciliatrice de toute la terre auprès de son Fils unique : « Totius terrarum orbis potentissima apud Unigenitum Filium suum mediatrix et conciliatrix. » Le titre est dé­sormais consacré parla fête de Marie médiatrice instituée le 21 janvier 1921.

Les raisons théologiques de cette doctrine

Ces raisons souvent invoquées par les Pères et plus explicitement par les théologiens sont les suivantes : Marie mérite le nom de médiatrice universelle subor­donnée au Sauveur, si elle est l'intermédiaire entre lui et les hommes, présentant leurs prières et leur obtenant les bienfaits de son Fils.

Or tel est précisément à notre égard le rôle de la Mère de Dieu, qui, tout en restant une créature, atteint par sa divine maternité aux frontières de la Déité et a reçu la plénitude de grâce qui doit déborder sur nous. Elle a de fait coopéré à notre salut, en consentant librement à être la Mère du Sauveur et en s'unissant aussi intime­ment que possible à son sacrifice. Nous verrons plus loin qu'elle a mérité et satisfait avec lui pour nous.

Enfin, selon la doctrine de l'Eglise, elle continue d'in­tercéder pour nous obtenir toutes les grâces utiles au salut. En cela elle exerce sa maternité spirituelle, dont nous avons parlé plus haut.

Le Christ reste ainsi le médiateur principal et par­fait, puisque c'est seulement en dépendance de ses méri­tes que Marie exerce sa médiation subordonnée, qui n'est pas absolument nécessaire, puisque les mérites dit Sau­veur sont surabondants, mais qui a été voulue par la Providence à cause de notre faiblesse et pour communi­quer à Marie la dignité de la causalité dans l'ordre de la sanctification et du salut.

Ainsi l'œuvre rédemptrice, est toute de Dieu comme de la cause première de la grâce, elle est toute du Christ comme du médiateur principal et parfait, elle est toute de Marie, comme médiatrice subordonnée. Ce sont trois causes, non pas partielles et coordonnées, comme trois hommes tirant un navire, mais totales et subordonnées, de telle sorte que la seconde n'agit que par l'influx de la première et la troisième que par l'influx des deux autres. Ainsi le fruit d'un arbre est, à des titres divers, tout entier de Dieu auteur de la nature, et tout entier de l'arbre et du rameau qui le porte. Il n'y a pas une partie du fruit qui est de l'arbre et une autre du rameau, de même dans le cas qui nous occupe.

Ajoutons qu'il convient que Marie, qui a été rachetée par le Sauveur par une rédemption souveraine et préser­vatrice de toute faute originelle et actuelle, coopérât ainsi à notre salut, c'est-à-dire à notre délivrance du péché, à notre justification et à notre persévérance jusqu'à la fin.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 10 Aoû 2020 - 9:55

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Les raisons théologiques de cette doctrine


Sa médiation dépasse ainsi beaucoup celle des saints, car elle seule nous a donné le Sauveur, elle seule a été aussi intimement unie avec un cœur de mère au sacrifice de la croix, elle seule est médiatrice universelle pour tous les hommes, et, nous le verrons plus loin, pour toutes les grâces non seulement en général, mais en particulier, jusqu'à la plus particulière de toutes, qui est, pour cha­cun de nous, celle du moment présent, qui assure notre fidélité de minute en minute.

Nous verrons mieux cette universalité après avoir mon­tré que Marie nous a mérité d'un mérite de convenance tout ce que Jésus nous a mérité en stricte justice, qu'elle a satisfait avec lui pour nous d'une satisfaction de conve­nance, et qu'ensuite, pour l'application des fruits de la rédemption, elle continue d'intercéder pour chacun de nous, plus spécialement pour ceux qui l'invoquent, et que toutes les grâces particulières qui sont accordées à chacun de nous, de fait ne le sont pas sans son intervention.


Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Nature et extension de ces mérites


Ce n'est pas seulement au ciel que la Sainte Vierge exerce ses fonctions de médiatrice universelle par l'inter­cession et la distribution des grâces, elle les a déjà exer­cées sur la terre, selon l'expression reçue, « pour l'acqui­sition de ces grâces », en coopérant à notre rédemption, par le mérite et la satisfaction.

En cela elle est associée à Notre-Seigneur qui a été d'abord médiateur pendant sa vie terrestre, surtout par le sacrifice de la croix, et c'est même le fondement de la médiation qu'il exerce au ciel par son intercession, pour nous appliquer les fruits de la rédemption qu'il nous transmet.

Voyons quel est l'en­seignement commun des théologiens sur les mérites de Marie pour nous, en partant des principes mêmes de la théologie sur les différents genres de mérites.


Les trois genres de mérites proprement dits


Le mérite en général est un droit à une récompenses il ne la produit pas, il l'obtient; l'acte méritoire y donne droit. Le mérite surnaturel qui suppose l'état de grâce et la charité est un droit à une récompense surnaturelle.

Il se distingue de la satisfaction, qui a pour but de répa­rer par l'expiation l'outrage fait par le péché à la ma­jesté infinie de Dieu et de nous le rendre favorable.

Le mérite, qui suppose l'état de grâce, se distingue aussi de la prière, qui, par une grâce actuelle, peut exister dans le pécheur en état de péché mortel, et qui s'adresse non pas à la justice divine, mais à la Miséricorde.

Du reste, même chez le juste, la force impétratoire de la prière se distingue du mérite, c'est ainsi qu'elle peut obtenir des grâces qui ne sauraient être méritées, comme celle de la persévérance finale, qui est la continuation de l'état de grâce au moment de la mort.

Mais il importe de distinguer trois genres de mérites proprement dits.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 11 Aoû 2020 - 9:36

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Les trois genres de mérites proprement dits


Il y a d'abord, au sommet, dans le Christ, le mérite parfaitement digne de sa récompense, ou de parfaite con­dignité, perfecte de condigno, parce que la valeur de l'œu­vre ou de l'acte de charité théandrique, qui, en l'âme de Jésus, procède de la personne divine du Verbe, égale au moins la valeur de la rétribution en stricte justice. Les actes méritoires du Christ qui étaient, en sa sainte âme, des actes de charité ou inspirés par elle, ont eu une valeur infinie et surabondante à raison de la personne du Verbe dont ils dérivaient. Et il a pu en stricte justice mériter pour nous les grâces du salut, parce qu'il était constitué tête de l'humanité, par la plénitude de grâce qui devait déborder sur nous pour notre salut.

En second lieu, il est de foi que tout juste ou toute personne en état de grâce qui a l'usage de la raison et du libre arbitre et qui est encore en état de voie peut mériter l'augmentation de la charité et la vie éternelle, d'un mérite réel, communément appelé de condignité, de con­digno, car il est digne de sa récompense, non pas qu'il soit égal à elle, comme dans le Christ, mais parce qu'il lui est réellement proportionné, en tant qu'il procède de la grâce habituelle, germe de la vie éternelle promise par Dieu à ceux qui observent ses commandements.

Ce mé­rite de condignité est encore un droit en justice distribu­tive à la récompense, bien qu'il ne soit pas, selon toute la rigueur de la justice, comme celui du Christ.

C'est pourquoi la vie éternelle est appelée une couronne de justice, une rétribution qui doit se faire d'après les œuvres, la récompense d'un labeur que la justice divine ne peut oublier.

Mais le juste ne peut mériter de condigno, d'un mérite de condignité fondé en justice, la grâce pour un autre homme, la conversion d'un pécheur ou l'augmentation de la charité dans une autre personne ; la raison en est qu'il n'est pas constitué tête de l'humanité pour la régénérer et la conduire au salut, cela n'appartient qu'au Christ.

En d'autres termes, le mérite de condignité des justes et même celui de Marie, par opposition à celui du Christ, est incommunicable.

Cependant tout juste peut mériter la grâce pour les autres d'un mérite de convenance, de congruo proprie, qui est fondé, non pas sur la justice, mais sur la charité, ou amitié qui l'unit à Dieu.

Les théologiens disent qu'il est fondé sur les droits de l'amitié, in jure amicabili, Saint Thomas l'explique en disant : « Parce que l'homme constitué en état de grâce fait la volonté de Dieu, il convient selon la proportion (ou les droits) de l'amitié que Dieu accomplisse la volonté de cet homme en sauvant une autre personne, bien que quelquefois il puisse y avoir un obstacle du côté de cette dernière » à tel point qu'elle ne se convertira pas de fait.

En d'autres termes : si le juste accomplit la volonté de Dieu son ami, il convient selon les droits de l'amitié que Dieu son ami accomplisse le désir de ce bon serviteur.

C'est ainsi qu'une bonne mère chrétienne peut, par ses bonnes œuvres, par son amour de Dieu et du prochain, mériter de congruo pro­prie, d'un mérite de convenance, la conversion de son fils ; ainsi sainte Monique obtint la conversion d'Augustin non seulement par ses prières adressées à l'infinie Miséri­corde, mais par ce genre de mérite, « Le fils de tant de larmes, lui dit saint Ambroise, ne saurait périr. »

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 12 Aoû 2020 - 8:55

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Les trois genres de mérites proprement dits


Nous voyons ici ce que doit être le mérite de Marie pour nous; il faut noter à ce sujet que ce troisième genre de mérite, dit de congruo proprie ou de convenance, est encore un mérite proprement dit, fondé in jure amicabili, sur les droits de l'amitié divine, qui suppose l'état de grâce.

La raison en est que la notion de mérite n'est pas univo­que, ou susceptible d'être prise en un seul sens, mais elle est analogique, c'est-à-dire qu'elle a des sens divers, mais proportionnellement semblables, qui sont encore des sens propres, et non pas seulement larges ou métaphoriques, tout comme la sagesse des saints, sans être celle de Dieu, est encore au sens propre une vraie sagesse; de même la sensation, sans être une connaissance intellectuelle, est encore au sens propre une vraie connaissance dans son ordre.

Ainsi au-dessous des mérites infinis du Christ, qui seul peut en stricte justice nous mériter le salut, au-dessous du mérite de condignité du juste pour lui-même, qui lui donne droit en justice à une augmentation de charité, et (s'il meurt en état de grâce) à la vie éternelle, il y a le mérite de convenance de congruo proprie, fondé sur les droits de l'amitié, et qui est encore un mérite proprement dit qui suppose l'état de grâce et la charité.

Ce qui est un mérite improprement dit, c'est celui qui se trouve dans la prière du pécheur en état de péché mor­tel, prière qui a une valeur impétratoire qui s'adresse, non pas à la justice de Dieu mais à sa Miséricorde, et qui se fonde, non pas sur les droits de l'amitié divine de charité, mais sur la grâce actuelle qui porte à prier.

Ce dernier mérite est dit de convenance au sens large seule­ment, de congruo improprie, ce n'est plus un mérite pro­prement dit.

Tels sont donc les trois genres de mérites proprement dits : celui du Christ pour nous, celui du juste pour lui-­même celui du juste pour autrui.

Le mérite proprement dit de convenance de Marie pour nous

Si tel est l'enseignement général des théologiens sur les différents genres de mérite, si sainte Monique a pu méri­ter à proprement parler d'un mérite de convenance, de congruo proprie, la conversion d'Augustin, comment la Sainte Vierge, mère de tous les hommes, a-t-elle pu méri­ter pour nous ? Poser ainsi cette question à la lumière des principes déjà énoncés, c'est déjà la résoudre.

Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'à partir surtout du XVI° siècle, les théologiens enseignent communément de façon explicite que ce que le Christ nous a mérité de con­digno, la Sainte Vierge nous l'a mérité d'un mérite de convenance, de congruo proprie.

Cet enseignement est très explicitement formulé par Suarez, qni montre par de multiples témoignages de la tradition que Marie, bien qu'elle ne nous ait rien mérité de condigno, car elle n'était pas constituée tête de l'E­glise, a cependant coopéré à notre salut, par le mérite de convenance, ou de congruo.

Jean de Carthagène, Novato, Christophore de Véga, Théophile Ray­naud, Georges de Rhodes, reproduisent cette doc­trine.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 13 Aoû 2020 - 10:16

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Le mérite proprement dit de convenance de Marie pour nous


Le même enseignement est communément donné par les théologiens postérieurs, notamment aux XIX° et XX° siècles par Ventura, Scheeben, Terrien, Billot, Lépicier, Campana, Hugon, Bittremieux, Merkelbach, Friet­hoff, et tous ceux qui ont écrit ces dernières années sur la médiation universelle de la Sainte Vierge.

Finalement Pie X, dans l'encyclique Ad diem illum du 2 février 1904, dit : « Marie... parce qu'elle dépasse toutes les autres créatures par la sainteté et l'union au Christ, et parce qu'elle a été associée par lui à l'œuvre de notre salut, nous a mérité d'un mérite de convenance, de con­gruo, ut aiunt, ce que lui-même nous a mérité d'un mé­rite de condignité, et elle est la principale trésorière des grâces à distribuer. »

Comme on l'a noté, il y a une double différence entre ce mérite de convenance de Marie pour les autres et le nôtre : c'est que la Sainte Vierge a pu ainsi nous mériter non seulement quelques grâces, mais toutes et chacune, et qu'elle ne nous en a pas seulement mérité l'applica­tion mais l'acquisition, car elle a été unie au Christ ré­dempteur dans l'acte même de la rédemption ici-bas; avant d'intercéder pour nous au ciel.

Cette conclusion, telle qu'elle est approuvée par Pie X, n'est que l'application à Marie de la doctrine communé­ment reçue sur les conditions du mérite de convenance, de congruo proprie, fondé in jure amicabili, sur l'amitié qui unit le juste avec Dieu.

Aussi certains théologiens considèrent cette conclusion comme moralement cer­taine, d'autres comme une vraie conclusionn théologique tout à fait certaine, d'autres même comme une vérité formellement et implicitement révélée et définissable comme dogme. C'est au moins, pensons-nous, une con­clusion théologique certaine. Nous y reviendrons, pp. 259-­265.

Quelle est l'extension de ce mérite de convenance de Marie pour nous ?

Comme elle a été associée à toute l'œuvre rédemptrice du Christ et comme les théologiens que nous venons de citer disent généralement que tout ce que le Christ nous a mérité de condigno, Marie nous l'a mérité de congruo, comme enfin Pie X, sanctionnant cette doctrine, n'y met pas de restriction, il suffit de se rappeler ce que Jésus nous a mérité.

Or Jésus nous a mérité en justice toutes les grâces suffisantes nécessaires pour que tous les hommes puis­sent réellement observer les préceptes, alors même qu'ils ne les observent pas de fait, toutes les grâces efficaces suivies de leur effet, c'est-à-dire de l'accomplissement, effectif de la volonté divine.

Enfin Jésus a mérité aux élus tous les effets de leur prédestination : la vocation chrétienne, la justification, la persévérance finale et la glorification ou la vie éternelle.

Il suit de là que Marie nous a mérité d'un mérite de convenance toutes ces grâces, et qu'au ciel elle en de­mande l'application et les distribue.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 14 Aoû 2020 - 9:44

DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Quelle est l'extension de ce mérite de convenance de Marie pour nous ?


Tout cela nous montre en quel sens très élevé, très intime et très étendu, Marie est notre Mère spirituelle, la Mère de tous les hommes, et combien par suite elle doit veiller sur ceux qui, non seulement l'invoquent de temps à autre, mais qui se consacrent à elle, pour être conduits par elle à l'intimité du Christ, comme l'explique admi­rablement le bienheureux Grignion de Montfort (cf. Traité de la vraie dévotion à la Sainte. Vierge, chap. I, a. 2) « Marie est nécessaire aux hommes pour arriver à leur fin dernière. » La dévotion à son égard n'est donc pas de surérogation, comme celle à tel ou tel saint, elle est nécessaire, et lorsqu'elle est vraie, fidèle, persévérante, elle est un signe de prédestination.

« Cette dévotion est encore plus nécessaire à ceux qui sont appelés à une perfection particulière, et je ne crois pas, dit (ibid.) le bienheureux de Montfort, qu'une personne puisse acqué­rir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit, sans une très grande union à la Très Sainte Vierge et une grande dépendance de son secours... J'ai dit, ajoute-t-il, que cela arriverait parti­culièrement à la fin du monde .., parce que le Très-Haut avec sa sainte Mère doivent alors se former de grands saints... Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour s'opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Très Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu'el­les combattront d'une main et édifieront de l'autre... Cela leur attirera beaucoup d'ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire pour Dieu seul. »

Cette haute doctrine spirituelle, dont nous verrons de mieux en mieux les fruits, apparaît dans le domaine de la contemplation et de l'union intime avec Dieu comme la conséquence normale de cette vérité reconnue par tous les théologiens et affirmée aujourd'hui dans tous leurs ouvrages : Marie nous a mérité d'un mérite de conve­nance tout ce que Notre-Seigneur nous a mérité en stricte justice, en particulier pour les élus tous les effets de leur prédestination.

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
Comment a-t-elle satisfait pour nous ?


La satisfaction a pour but de réparer l'offense faite à Dieu par le péché et de nous le rendre favorable. Or l'offense qui provient du péché mortel, par lequel la créature raisonnable se détourne de Dieu et lui préfère un bien créé, a une gravité infinie. L'offense en effet est d'autant plus grave que la dignité de la personne offensée est plus élevée, et le péché mortel, en nous détournant de Dieu notre fin dernière, dénie pratiquement à Dieu la dignité infinie de souverain bien et détruit son règne en nous.

Il suit de là que seul le Verbe fait chair a pu offrir à Dieu une satisfaction parfaite ou adéquate pour l'offense qui provient du péché mortel[329]. Pour être une satisfaction parfaite, il fallait que l'amour et l'oblation du Sauveur plussent à Dieu autant ou plus que ne lui déplai­sent tous les péchés réunis, comme le dit saint Tho­mas. Il en était ainsi de tout acte de charité du Christ, car il puisait en la personne divine du Verbe une valeur infinie pour satisfaire comme pour mériter.

L'œuvre méritoire devient satisfactoire ou réparatrice et expia­trice, lorsqu'elle a quelque chose d'afflictif ou de péni­ble, et Jésus, en offrant sa vie au milieu des plus grandes souffrances physiques et morales, a offert dès lors à son Père une satisfaction d'une valeur infinie et surabon­dante. Lui seul pouvait ainsi satisfaire pleinement en stricte justice, car la valeur dela satisfaction comme celle du mérite provient de l'excellence de la personne qui, en Jésus, a une dignité infinie.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 14 Aoû 2020 - 23:16

DEUXIEME PARTIE

CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

Comment a-t-elle satisfait pour nous ?


Mais à la satisfaction parfaite du Sauveur a pu s'ajouter une satisfaction de convenance, comme à son mérite s'est ajouté un mérite de convenance. Il faut y insister pour mieux voir ensuite quelle a été la profondeur et l'étendue des souffrances de la Sainte Vierge.

Marie a offert pour nous une satisfaction de convenance de la plus grande valeur après celle de son Fils

Le mérite devient le fondement de la satisfaction, lors­que l'œuvre méritoire prend un caractère afflictif. Aussi d'après les principes exposés à l'article précédent, les théologiens enseignent communément cette proposition : Beata Maria Virgo satisfecit de congruo ubi Christus de condigno, Marie a offert pour nous une satisfaction de convenance pendant que Jésus-Christ satisfaisait pour nous en stricte justice.

En sa qualité de Mère de Dieu rédempteur, elle lui a été en effet unie par une parfaite conformité de volonté, par l'humilité, la pauvreté, les souffrances, les larmes, au Calvaire surtout; en ce sens elle a satisfait avec lui, et cette satisfaction de convenance tire sa très grande valeur de son éminente dignité de Mère de Dieu, de la perfection de sa charité, du fait qu'elle n'avait rien, à expier pour elle-même et de l'intensité de ses souffran­ces.

C'est ce qu'exposent les Pères lorsqu'ils parlent de « Marie debout au pied de la croix », comme l'affirme saint Jean (XIX, 25); ils rappellent les paroles du vieillard Siméon : « Un glaive transpercera votre âme. » (Luc; II, 35), et ils nous montrent que Marie a souffert dans la mesure de son amour pour son Fils crucifié à cause de nos péchés, à proportion aussi de la cruauté des bourreaux et de l'atrocité du supplice infligé à celui qui était l'innocence même.

La liturgie depuis fort longtemps dit aussi que Marie, par le martyre du cœur le plus douloureux, a mérité le titre de Reine des martyrs; c'est ce que rappellent les fêtes de la Compassion de la Sainte Vierge, de Notre-­Dame des Sept-Douleurs et le Stabat.

Léon XIII résume cette doctrine en disant qu'elle a été associée au Christ dans l'œuvre douloureuse de la ré­demption du genre humain.

Pie X l'appelle « la réparatrice du monde déchu » et montre comment elle a été unie au sacerdoce de son Fils : « Non seulement parce qu'elle a consenti à deve­nir la Mère du Fils unique de Dieu pour rendre possible un sacrifice destiné au salut des hommes; mais la gloire de Marie consiste aussi en ce qu'elle a accepté la mis­sion de protéger, de nourrir l'Agneau du sacrifice, et, quand le moment en fut venu, de le conduire à l'autel de l'immolation.

De la sorte, la communauté de vie et de souffrances de Marie et de son Fils ne fut jamais inter­rompue. A elle comme à lui s'appliquèrent pareillement les paroles du prophète : Ma vie s'est passée en douleurs et mes jours se sont écoulés en gémissements. »

Benoît XV enseigne enfin : « En s'unissant à la Pas­sion et à la mort de son Fils, elle a souffert comme à en mourir... pour apaiser la justice divine; autant qu'elle le pouvait, elle a immolé son Fils, de telle façon qu'on peut dire qu'avec lui elle a racheté le genre humain. » C'est l'équivalent du titre de corédemptrice.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Sam 15 Aoû 2020 - 23:18

DEUXIEME PARTIE

CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Le caractère de satisfaction ou d'expiation des souffrances de la Sainte Vierge provient de ce que, comme Notre-Seigneur et avec lui, elle a souffert du péché ou de l'offense faite à Dieu. Or elle en a souffert dans la mesure de son amour pour Dieu offensé, de son amour pour son Fils crucifié à cause de nos fautes, et de son amour pour nos âmes que le péché ravage et fait mourir.

Cette mesure fut donc celle de la plénitude de grâce et de charité, qui dès l'instant de sa conception immaculée dépassait la grâce finale de tous les saints réunis, et qui depuis lors n'avait cessé de grandir.

Déjà, par les actes les plus faciles, Marie méritait plus que les martyrs dans leurs tourments, parce qu'elle y mettait plus d'amour ; quel ne fut pas dès lors le prix de ses souffrances au pied de la croix, étant donnée la connaissance qu'elle y recevait du mystère de la Rédemption !

Dans la lumière surnaturelle qui éclairait son intelli­gence, Marie voyait que toutes les âmes sont appelées à chanter la gloire de Dieu, incomparablement mieux que les étoiles du ciel.

Chaque âme devrait être comme un rayon de la divinité, rayon spirituel plein de pensée et d'amour, puisque notre intelligence est faite pour connaître Dieu et notre cœur pour l'aimer. Or, tandis que les astres suivent régulièrement leur voie fixée par la Providence et racontent la gloire du Créateur, des milliers d'âmes, dont chacune vaut un monde, se détournent, de Dieu.

A la place de ce rayonnement divin, de cette gloire extérieure du Très-Haut ou de son règne, on trouve en des cœurs innombrables les trois plaies appelées par saint Jean la concupiscence de la chair, comme s'il n'y avait d'autre amour désirable que l'amour charnel, la concupiscence des yeux, comme s'il n'y avait d'autre gloire que celle de la fortune et des honneurs, l'orgueil de la vie, comme si Dieu n'existait pas, comme s'il n’était ni notre Créateur et maître, ni notre fin, comme si nous n'avions d'autre fin que nous-mêmes.

Ce mal, Marie le voyait dans les âmes comme nous voyons, nous, des plaies purulentes dans un corps malade.

Or la plénitude de grâce, qui n'avait cessé de grandir en elle, avait considérablement augmenté en Marie sa capacité de souffrir du plus grand des maux, qu'est le péché, puisqu'on en souffre d'autant plus qu'on aime davantage Dieu que le péché offense et les âmes que le péché mortel détourne de leur fin et rend dignes d'une mort éternelle.

Surtout Marie vit sans illusion possible se préparer et se consommer le plus grand des crimes, le déicide ; elle vit le paroxysme de la haine contre celui qui est la Lumière même et l'Auteur du salut.

Pour saisir un peu ce qu'a été la souffrance de Marie, il faut penser à son amour naturel et surnaturel, théologal, pour son Fils unique non seulement chéri, mais légitimement adoré, qu'elle aimait beaucoup plus que sa propre vie, puisqu'il était son Dieu.

Elle l'avait miraculeusement conçu, elle l'aimait avec un cœur de Vierge, le plus pur, le plus tendre, le plus riche de charité qui fut jamais.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 16 Aoû 2020 - 21:15

DEUXIEME PARTIE

CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Avec cela elle n'ignorait rien des causes du crucifie­ment ; rien des causes humaines : l'acharnement des Juifs, le peuple élu, son peuple à elle; rien des causes supérieures : la rédemption des âmes pécheresses. On entrevoit dès lors de loin la profondeur et l'étendue des souffrances de Marie corédemptrice.

Si Abraham a héroïquement souffert en s'apprêtant à immoler son fils, ce ne fut que pendant quelques heu­res, et un ange descendit du ciel pour empêcher l'immo­lation d'Isaac. Au contraire, depuis le moment où le vieil­lard Siméon a prédit à Marie la Passion de son Fils déjà clairement annoncée par Isaïe, et sa Passion à elle, elle n'a pas cessé d'offrir celui qui devait être Prêtre et vi­time, et de s'offrir avec lui.

Cette oblation douloureuse dura non seulement quelques heures, mais des années, et, si un ange descendit du ciel pour arrêter l'immolation d'Isaac, nul ne descendit pour empêcher celle de Jésus.

Bossuet, dans son sermon sur la Compassion de la Sainte Vierge, dit excellemment : « C'est la volonté du Père éternel que Marie soit non seulement immolée avec cette victime innocente, et attachée à la croix du Sau­veur par les mêmes clous qui le percent, mais encore associée à tout le mystère qui s'y accomplit par sa mort...

« ... Trois choses concourent ensemble au sacrifice de notre Sauveur, et en font la perfection. Il y a, première­ment, les souffrances par lesquelles son humanité est toute brisée; il y a, secondement, la résignation par la­quelle il se soumet humblement à la volonté de son Père (en s'offrant à lui); il y a, troisièmement, la fécondité par laquelle il nous engendre à la grâce et nous donne la vie en mourant.

Il souffre comme la victime qui doit être détruite et froissée de coups; il se soumet comme le prêtre qui doit sacrifier volontairement : voluntarie sacri­ficabo tibi (Ps. LIII, Cool; enfin, il nous engendre en souf­frant, comme le Père d'un peuple nouveau qu'il enfante par ses blessures, et voilà les trois grandes choses que le Fils de Dieu achève en la croix...

« Marie se met auprès de la croix; de quels yeux elle y regarde son Fils tout sanglant, tout couvert de plaies, et qui n'a plus figure d'homme. Cette vue lui donne la mort; si elle s'approche de cet autel, c'est qu'elle veut y être immolée; et c'est là, en effet, qu'elle sent le coup du glaive tranchant, qui, selon la prophétie du bon Siméon, devait... ouvrir son cœur maternel par de si cruelles blessures...

« Mais la douleur l'a-t-elle abattue, l'a-t-elle jetée à terre par défaillance ? Au contraire, Stabat juxta crucem elle est debout auprès de la croix. Non, le glaive qui a percé son cœur n'a pu diminuer ses forces : la constance et l'affliction vont d'un pas égal et elle témoigne par sa contenance qu'elle n'est pas moins soumise qu'elle est affligée.

« Que reste-t-il donc, chrétiens, sinon que son Fils bien-­aimé qui lui voit sentir ses souffrances et imiter sa rési­gnation, lui communique encore sa fécondité. C'est aussi dans cette pensée qu'il lui donne saint Jean pour son fils Mulier, ecce filius tuus (Joan., XIX, 26) : « Femme, dit-il, voilà votre fils. »

O femme, qui souffrez avec moi, soyez aussi féconde avec moi, soyez la mère de mes enfants, que je vous donne tous sans réserve en la personne de ce seul disciple; je les enfante par mes douleurs; comme vous en goûtez l'amertume, vous en aurez aussi l'efficace, et votre affliction vous rendra féconde. »

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Lun 17 Aoû 2020 - 21:42

DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Dans ce même sermon, Bossuet développe ces trois grandes pensées en montrant que l'amour de Marie pour son Fils crucifié suffit pour son martyre : « Il ne faut qu'une même croix pour son Fils bien-aimé et pour elle »; elle y est clouée par son amour pour lui, qui lui fait ressentir toutes ses souffrances physiques et morales, plus que les stigmatisés ne les ont ressenties. Sans un secours exceptionnel, elle en serait morte véritablement.
Une grande douleur est comme une mer en furie, des personnes sont devenues folles de douleur ; mais Jésus a dompté les eaux, et comme il garde la paix sur la croix au milieu de la tempête, il donne à sa sainte Mère de la garder.

Enfin Marie, qui a enfanté son Fils sans douleur, enfante les chrétiens au milieu des plus grandes souf­frances. « A quel prix elle les achète ! continue Bossuet. Il faut qu'il lui en coûte son Fils unique : elle ne peut être Mère des chrétiens, qu'elle ne donne son bien-aimé à la mort ô fécondité douloureuse !... C'était la volonté du Père éternel de faire naître les enfants adoptifs par la mort du Fils véritable...

II donne son propre Fils à la mort pour faire naître les adoptifs. Qui voudrait adopter à ce prix et donner un fils pour des étrangers ? C'est néan­moins ce qu'a fait le Père éternel... C'est Jésus qui nous le dit : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (Joan., III, 16).

« (De même Marie) est l'Eve de la nouvelle alliance, et la Mère commune de tous les fidèles; mais il faut qu'il lui en coûte la mort de son premier-né, il faut qu'elle se joigne au Père éternel, et qu'ils livrent leur commun Fils d'un commun accord au supplice. C'est pour cela que la Providence l'a appelée au pied de la croix; elle y vient immoler son Fils véritable, afin que les hommes vivent...

Elle devient Mère des chrétiens par l'effort d'une affliction sans mesure. » Le chrétien doit s'en souvenir toujours, et il y trouvera le motif d'un vrai repentir de ses fautes. La régénération de nos âmes a coûté à Notre-Seigneur et à sa sainte Mère beaucoup plus que nous ne saurions le penser.

On doit dire, pour conclure, que Marie corédemptrice nous a enfantés au pied de la croix par le plus grand acte de foi, d'espérance et d'amour qu'elle pouvait faire en un pareil moment.

On peut même dire que c'est le plus grand acte de foi qui ait jamais existé, car Jésus n'avait pas la foi, mais la vision béatifique qu'il conservait au Calvaire. En cette heure d'obscurité, qui a été appelée l'heure des ténèbres, lorsque la foi des Apôtres eux-mêmes parait chanceler, lorsque Jésus semble tout à fait vaincu et son œuvre à jamais anéantie, lorsque le ciel paraît ne plus répondre à ses supplications, Marie ne cesse pas un instant de croire que son Fils est le Sauveur de l'humanité et que dans trois jours il ressuscitera comme il l'a annoncé.

Lorsqu'il prononce ses dernières paroles : Tout est con­sommé, dans la plénitude de sa foi la Vierge comprend que l'œuvre du salut est accomplie par la plus doulou­reuse immolation, que toutes les messes rappelleront jus­qu'à la fin du monde.

Jésus, la veille, a institué ce sacri­fice eucharistique et le sacerdoce chrétien, elle entrevoit le rayonnement indéfini du sacrifice de la croix. Elle comprend que son Fils agonisant est vraiment « l'Agneau qui efface les péchés du monde », qu'il est le vainqueur du péché et du démon et que, dans trois jours, il sera le vainqueur de la mort, suite du péché. Elle voit l'inter­vention suprême de Dieu là où les plus croyants ne voient que ténèbres et désolation. C'est le plus grand acte de foi assurément qui ait existé en une créature, une foi bien supérieure à celle des anges, lorsqu'ils étaient en état de voie.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mar 18 Aoû 2020 - 22:00

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CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Ce fut aussi pour elle l'acte suprême d'espérance au moment où tout paraissait désespéré. Elle entendit tout le sens de la parole dite au bon larron : « Ce soir, tu seras avec moi en paradis » ; le ciel allait s'ouvrir pour les élus.

Ce fut enfin pour elle le plus grand acte de charité aimer Dieu jusqu'à lui offrir son fils unique et innocent, au milieu des pires tortures; aimer Dieu par-dessus tout au moment où, à cause de nos fautes, elle était frappée par lui dans son affection la plus profonde et la plus haute, dans l'objet même de sa légitime adoration; aimer les âmes jusqu'à donner pour elles son propre fils.

Sans doute, les vertus théologales grandirent encore en Marie jusqu'à sa mort, car ces actes de foi, d'espérance et de charité, loin d'être interrompus, continuèrent en elle comme un état. Ils prirent même, dans le calme, une plus grande amplitude, comme lorsqu'un grand fleuve, après le bouillonnement des passages les plus difficiles de son parcours, devient de plus en plus puissant et ma­jestueux jusqu'à ce qu'il se jette dans l'océan.

Ce que souligne ici la théologie, c'est qu'en Marie au pied de la croix le sacrifice égale le mérite; l'un et l'au­tre sont d'une valeur inestimable et leur fécondité dé­passe en cette ligne, sans atteindre celle du Christ, tout ce que l'on pourrait dire. C'est ce que les théologiens expriment en disant : Marie a satisfait pour nous d'une satisfaction de convenance, fondée sur son immense cha­rité, comme Jésus a satisfait en stricte justice pour notre salut.

Les saints qui ont été le plus associés aux souffrances du Sauveur ne sont pas entrés autant que Marie dans les dernières profondeurs de la Passion. Sainte Catherine de Ricci eut tous les vendredis pendant douze ans une extase de douleur qui durait vingt-huit heures et pendant la­quelle elle revivait toutes les souffrances du chemin de la croix. Or les souffrances de sainte Catherine de Ricci et des autres stigmatisés n'approchent pas de celles de la Vierge.

Tous les déchirements du Coeur de Jésus reten­tirent dans le cœur de Marie, qui serait morte d'une pareille torture si elle n'avait été surnaturellement sou­tenue par un secours exceptionnel. Elle est ainsi deve­nue la consolatrice des afligés, car elle a souffert beau­coup plus qu'eux, la patronne de la bonne mort, et nous ne pouvons certes pas soupçonner combien ses souffrances depuis vingt siècles ont été fécondes.

La participation de Marie corédemptrice au sacerdoce du Christ

Si Marie peut être dite corédemptrice au sens que nons venons d'expliquer, on ne saurait dire qu'elle est prêtre au sens propre du mot, car elle n'a pas reçu le caractère sacerdotal et ne pourrait consacrer l'Eucharistïe ; ni don­ner l'absolution sacramentelle.

Mais, comme nous l'a­vons vu en parlant de la maternité divine, celle-ci est supérieure au sacerdoce des prêtres du Christ, en ce sens qu'il est plus parfait de donner à Notre-Seigneur sa nature humaine que de rendre son corps présent dans l'Eucharistie. Marie nous a donné le Prêtre du sacrifice de la croix, le prêtre principal du sacrifice de la messe et la victime offerte sur nos autels.

Il est plus parfait aussi d'offrir son Fils unique et son Dieu sur la croix, en s'offrant avec lui dans la plus grande douleur, que de rendre le corps de Notre-Seigneur pré­sent et de l'offrir sur l'autel, comme le fait le prêtre pen­dant le sacrifice de la messe.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Mer 19 Aoû 2020 - 23:55

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La participation de Marie corédemptrice au sacerdoce du Christ


Aussi faut-il dire comme l'affirmait récemment un bon théologien qui étudia pendant des années ces ques­tions: « C'est une conclusion théologique certaine que Marie coopéra, de quelque manière, à l'acte principal du sacerdoce de Jésus-Christ, en donnant, comme l'exi­geait le plan divin, son consentement au sacrifice de la croix, tel qu'il a été accompli par Jésus-Christ. » - « A ne considérer que certains effets immédiats de l'action du prêtre comme la consécration eucharistique ou la rémission des péchés par le sacrement de pénitence, il est vrai que le prêtre peut accomplir des actes que Marie, ne possédant point le pouvoir sacerdotal, n'aurait jamais pu accomplir. Mais, en ceci, il ne s'agit plus de compa­raison des dignités, mais seulement d'effets particuliers, procédant d'un pouvoir que Marie ne possédait point, mais qui ne comportent pas une dignité supérieure. »
Si elle ne peut être dite « prêtre » au sens propre du mot, du fait qu'elle n'a pas reçu le caractère sacerdotal et n'en peut accomplir les actes, il reste, comme le dit M. Olier, « qu'elle a reçu la plénitude de l'esprit du sacer­doce, qui est l'esprit du Christ rédempteur ». C'est pour­quoi on lui donne le titre de corédemptrice, qui, comme celui de Mère de Dieu, surpasse la dignité conférée par le sacerdoce chrétien.
La participation de Marie à l'immolation et à l'oblation de Jésus prêtre et victime ne saurait être mieux exprimée que par le Stabat du franciscain Jacopone de Todi (1228-­1306).
Cette séquence manifeste d'une façon singulièrement frappante combien la contemplation surnaturelle du mys­tère du Christ crucifié est dans la voie normale de la sain­teté. Elle a des formes précises, ardentes et splendides pour exprimer la blessure du Cœur du Sauveur et nous montrer l'influence si intime et si pénétrante de Marie pour nous conduire à lui. Et non seulement la Très Sainte Vierge nous conduit à cette divine intimité, mais, en un sens, elle la fait en nous; c'est ce que nous dit, en ces strophes, la répétition admirable du Fac, qui est l'ex­pression de la prière ardente :

Eia, Mater, fons amoris, O Mère, source d'amour,
Me sentire vim doloris Faites-moi sentir la violence
Fac ut tecum lugeam. De votre douleur, afin que je pleure avec vous.

Fac ut ardeat cor meum, Faites que mon cœur s'embrase
In amando Christum Deum, D'amour pour le Christ Dieu,
Ut sibi complaceam. Afin que je lui plaise.

Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ,
Passionis fac consortem Faites-moi partager sa Passion
Et plagas recolere. Et vénérer ses saintes plaies.

Fac me plagsis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessures,
Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix
Et cruore Filii. Et du sang de votre Fils.

C'est la prière de l'âme qui, sous une inspiration spé­ciale, veut connaître elle aussi spirituellement la blessure d'amour et être associée à ces douloureux mystères de l'adoration réparatrice comme le furent, auprès de Marie, saint Jean et les saintes femmes sur le Calvaire, et aussi saint Pierre quand il versa d'abondantes larmes.
Ce sont ces larmes de l'adoration et de la contrition que demande la fin du Stabat

Fac me tecum pie flere Faites-moi avec vous pieusement pleurer,
Crucifixi condolere, Et compatir au Crucifié
Donec ego vixero. Tant que durera ma vie.

Juxta crucem tecum stare, Je veux avec vous me tenir près de la Croix,
Et me tibi sociare et être plus intimement associé
In planctu desidero. à vos saintes dou­leurs. Ainsi soit-il

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Jeu 20 Aoû 2020 - 23:04

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Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
La participation de Marie corédemptrice au sacerdoce du Christ


Marie a donc exercé sur terre sa médiation universelle, en méritant pour nous d'un mérite de convenance tout ce que Jésus-Christ nous a mérité en stricte justice, et aussi en offrant pour nous une satisfaction de convenance, fon­dée sur son immense charité, pendant que Notre-Seigneur satisfaisait en justice pour toutes nos fautes et nous réconciliait avec Dieu.

Pour Jésus et pour sa sainte Mère cette médiation universelle exercée pendant leur vie ter­restre est le fondement de celle qu'ils exercent du haut du ciel, et dont nous devons parler maintenant.

CHAPITRE III
La médiation universelle de Marie au Ciel


Cette médiation qu'exerce la Sainte Vierge depuis l'As­somption a pour but de nous obtenir en temps opportun l'application des mérites passés, acquis par Jésus et par elle pendant leur vie terrestre et surtout au Calvaire.

Nous parlerons à ce sujet de la puissance d'intercession de Marie, de la manière dont elle distribue toutes les grâ­ces ou du mode de son influence sur nous, et enfin de l'universalité de sa médiation et de sa définibilité.

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE

Dès sa vie terrestre, la Sainte Vierge apparaît dans l'Evangile comme la distributrice des grâces. Par elle, Jésus sanctifie le précurseur lorsqu'elle vient voir sa cou­sine Elisabeth et chante le Magnificat. Par elle, il con­firme la foi des disciples à Cana, en accordant le miracle qu'elle demandait.

Par elle, il affermit la foi de Jean au Calvaire, en disant : « Mon fils, voici votre mère. » Par elle, enfin, le Saint-Esprit se répandit sur les Apôtres, car il est dit (Act. Ap., I, 14) qu'elle priait avec eux au Cénacle, lorsqu'ils se préparaient à l'apostolat pour lequel ils furent éclairés et fortifiés par les grâces de la Pentecôte.

A plus forte raison, après l'Assomption, depuis qu'elle est entrée au ciel et qu'elle a été élevée au-dessus des chœurs des anges, Marie est-elle puissante par son inter­cession.
Le sens chrétien de tous les fidèles estime qu'une mère béatifiée connaît au ciel les besoins spirituels des enfants qu'elle a laissés sur la terre et qu'elle prie pour leur salut. Universellement dans l'Eglise les chrétiens se recom­mandent aux prières des saints parvenus au terme du voyage.

Comme le dit saint Thomas, lorsqu'ils étaient sur la terre, leur charité les portait à prier pour le pro­chain, à plus forte raison au ciel, puisque leur charité, éclairée non plus seulement par la foi, mais par la vision béatifique, est plus grande, puisque son acte est ininter­rompu et puisqu'ils connaissent beaucoup mieux nos be­soins spirituels et le prix de la vie éternelle, l'unique nécessaire.

Le Concile de Trente, sess. XXV (Denz., 984), a même défini que les saints au ciel prient pour nous et qu'il est utile de les invoquer. Au ciel le mérite et l'expiation ont cessé, mais non pas la prière; ce n'est plus, il est vrai, la prière de supplication avec larmes, mais la prière d'in­tercession.

« Jésus-Christ toujours vivant ne cesse d'intercéder pour nous », dit saint Paul. Il est sans doute l'interces­seur nécessaire et principal. Mais la Providence et lui-même ont voulu que nous ayons recours à Marie, pour que nos prières présentées par elle aient plus de valeur.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Ven 21 Aoû 2020 - 22:19

DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE III

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE


En sa qualité de Mère de tous les hommes, elle connaît tous leurs besoins spirituels et ce qui a rapport à leur salut ; à raison de son immense charité, elle prie pour eux ; et, comme elle est toute puissante sur le cœur de son Fils à cause de l'amour mutuel qui les unit; elle nous obtient toutes les grâces que nous recevons, toutes celles que reçoivent ceux qui ne veulent pas s'obstiner dans le mal.

Le sens chrétien formé par les grandes prières de l'E­glise, expression de la Tradition, l'affirme en recourant quotidiennement à l'intercession de la Sainte Vierge par l'Ave Maria.

La théologie explique cette croyance universelle des fidèles en considérant les trois raisons fondamentales de la puissance d'intercession de Marie.

Tout d'abord, comme Mère de tous les hommes, elle connaît tous leurs, besoins spirituels.
C'est un principe admis par tous les théologiens que la béatitude des saints au ciel ne serait pas complète, comme elle doit l'être, s'ils ne pouvaient connaître tout ce qui peut les intéresser ici-bas à raison de leur office, de leur rôle, de leurs relations avec nous.

Cette connais­sance est l'objet d'un désir légitime qui doit être satis­fait par la béatitude parfaite, d'autant que, s'il s'agit de la connaissance de nos besoins spirituels, ce désir procède de la charité des saints à notre égard; c'est elle qui les porte à désirer notre salut, pour que nous glorifiions Dieu éternellement avec eux et que nous ayons part à leur béatitude.

C'est ainsi qu'un père et une mère parvenus au ciel connaissent les besoins de leurs enfants, surtout ceux de l'ordre du salut et ce qui y touche directement ou indi­rectement.

De même, un fondateur d'ordre entré dans la gloire connaît les intérêts de sa famille spirituelle et de chacun tics membres de celle-ci. A plus forte raison Marie, mère de tous les hommes, qui a le plus haut degré de gloire après Notre-Seigneur, doit-elle connaître tout ce qui a rapport directement ou indirectement à la vie surnaturelle qu'elle est chargée de nous donner et d'en­tretenir en nous.

Les actes bons et méritoires qui la font grandir, les fautes qui la diminuent ou la détruisent, par suite toutes nos pensées, désirs, les dangers qui nous me­nacent, les grâces dont nous avons besoin, même les inté­rêts temporels qui ont quelque rapport avec notre salut, comme le pain quotidien.

Cette connaissance universelle, certaine et précise de tout ce qui concerne notre destinée, est une prérogative qui appartient à Marie de par sa maternité divine et sa maternité spirituelle à l'égard de tous les hommes.

Connaissant tous nos besoins spirituels et même ceux d'ordre temporel qui ont rapport avec notre salut, Marie est évidemment portée par son immense charité à inter­céder pour nous. Il suffit à une mère de soupçonner les besoins de son enfant, pour qu'elle essaie de les soulager. Pour notre Mère du ciel, comme pour Notre-Seigneur, il ne s'agit plus d'acquérir de nouveaux mérites, mais d'ob­tenir que les mérites passés de son Fils et les siens nous soient appliqués au moment opportun.

Cette prière de la Sainte Vierge est-elle toute-puissante ?

La Tradition a appelé Marie omnipotentia supplex, la toute puissance dans l'ordre de la supplication.

Source : Livres-mystiques.com

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Message par ami de la Miséricorde Dim 23 Aoû 2020 - 7:59

DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE III

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE


C'est en effet un principe certain que la puissance d'intercession des saints est proportionnée à leur degré de gloire au ciel, ou d'union à Dieu[345]. Aussi, selon le té­moignage constant de la Tradition, Marie, dont la gloire surpasse incomparablement celle de tous les autres saints, possède la toute puissance d'intercession. Avant le VIII° siècle cette doctrine se trouve de façon explicite chez saint Ephrem; au VIII° siècle, les affirmations les plus nettes sont celles de saint André de Crète, de saint Germain de Constantinople, de saint Jean Damascène.

A la fin du XI° saint Anselme et son disciple Eadmer affir­ment formellement cette toute puissance d'intercession, que saint Bernard explique et transmet aux théologiens qui le suivent.

Bossuet, dans son Sermon sur la Compassion de la Sainte Vierge, montre admirablement les fondements de cette doctrine en rappelant cette vérité de foi : « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils uni­que», et « s'il l'a livré à la mort pour nous tous, com­ment avec lui ne nous donnera-t-il pas toutes choses», comment ne donnera-t-il pas les grâces nécessaires au salut à ceux qui les lui demandent avec humilité, con­fiance et persévérance ?

Or Marie a aimé Dieu et nos âmes jusqu'à donner elle aussi son propre Fils au Calvaire. Elle est donc toute puissante sur le cœur de Dieu le Père et sur celui de son Fils pour obtenir les biens nécessaires au salut à ceux qui ne s'obstinent pas dans la résistance à la grâce, mais qui, au contraire, la demandent comme il convient.

En ce sermon, Bossuet s'exprime ainsi : « Intercédez pour nous, ô bienheureuse Marie : vous avez en vos mains, si j'ose le dire, la clef des bénédictions divines.

C'est votre Fils qui est cette clef mystérieuse par laquelle sont ouverts les coffres du Père éternel : il ferme, et per­sonne n'ouvre; il ouvre, et personne ne ferme : c'est son sang innocent qui fait inonder sur nous les trésors des grâces célestes.

Et à quel autre donnera-t-il plus de droit sur ce sang, qu'à celle dont il a tiré tout son sang... Au reste, vous vivez avec lui dans une amitié si parfaite, qu'il est impossible que vous n'en soyez pas exaucée. » Il suf­fit, comme dit saint Bernard, que Marie parle au, cœur de son Fils.

Cet enseignement de la Tradition ainsi formulé par Bossuet a été proclamé par Léon XIII dans la première encyclique sur le Rosaire, 1er septembre 1883, où Marie est appelée dispensatrice des grâces, célestes, coelestium administra gratiarum. Dans l'encyclique Jucunda sem­per du 8 septembre 1894 le même pape fait siennes ces deux phrases de saint Bernard, que Dieu, dans sa bien­veillante miséricorde, a établi Marie notre médiatrice, et qu'il a voulu que toutes les grâces nous viennent par elle.

Le même enseignement se retrouve au début de la lettre Diuturni temporis du 5 septembre 1898. Pie X parle de même dans l'encyclique Ad diem illum, du 2 février 1904, Marie y est appelée « la dispensatrice de toutes les grâces qui nous ont été acquises par le sang de Jésus ».

Notre-­Seigneur est la source de ces grâces, Marie en est comme l'aqueduc, ou selon une autre image comme le cou qui, dans le corps mystique, unit la tête aux membres en leur transmettant l'influx vital : « Ipsa est collum capitis nos­tri, per quod omnia spiritualia dona corpori ejus mystico communicantur » (ibid.). Benoît XV consacre cet ensei­gnement en approuvant, pour l'Eglise universelle, la messe et l'office liturgique de Marie médiatrice de toutes les grâces.

Source : Livres-mystiques.com

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